"Tchadiens, crions notre joie, il est minuit. Je proclame solennellement que le Tchad est indépendant et souverain". C'était la déclaration de François Ngarta Tombalbaye, premier président tchadien, le 11 août 1960.
Une indépendance qui, pour les uns, est un état d’esprit et pour d’autres, une conquête permanente au regard des défis d’aujourd’hui et de l’avenir.
Avec un regard critique, docteur Succès Masra, président du parti les "Transformateurs" fustige le comportement des régimes qui se sont succédés au pouvoir face à leur responsabilité vis-à-vis de leurs concitoyens.
"Si les pères fondateurs de notre pays n’ont pas pu modeler une république, terre d’opportunité pour tous, reconnaissons ensemble, qu’ils ont fait ce qu’ils pouvaient avec leurs forces et leurs faiblesses", a déclaré Succès Masra.
"Malheureusement, 59 ans après l’indépendance, environ 4 millions de Tchadiens sont encore victimes de la famine. Ces millions de Tchadiens ne se nourriront pas du nombre de forums ici et là avec les conditions de climat d’affaires au Tchad", a-t-il poursuivi.
"L’indépendance célébrée avec lampes torches c’est pour aboutir à moins d’un Tchadien sur 10 ayant accès à l’électricité, seulement 5% de la population qui ait accès à Internet et 4,5 millions d’enfants sortant du système scolaire avant 15 ans. Et nous les politiques, nous offrons à nos compatriotes le spectacle d’un film, d’une sorte de théâtre mais en fait nous ne sommes responsables de rien quand il s’agit de la vie des Tchadiens", a-t-il conclu.
En 59 ans d’indépendance, le président Déby seul totalise environ 30 ans de pouvoir. Pour Bourkou Louise Ngaradoumri, présidente du parti rassemblement pour le progrès et la justice sociale, membre de la majorité présidentielle, si aujourd’hui le peulpe ne mange pas à sa faim, c’est parce que le président a consacré plus de la moitié de son règne à gérer des conflits sanglants.
"Si ce n’est pas la rébellion qui attire l’attention du gouvernement pour chercher les moyens et aller les combattre, c’est le problème entre éleveurs et agriculteurs", explique Bourkou Louise Ngaradoumri.
"Donc le Tchad était perturbé par cette violence politique et de conflit de pouvoir. C’est ça qui a affaibli le régime MPS. Aujourd’hui, c’est complété avec la guerre que nous impose la secte Boko Haram. Donc il a fallu investir beaucoup d’argent pour pouvoir stabiliser la situation".
Pour Dobian Assingar, président d’honneur de la ligue tchadienne des droits de l’Homme, l’indépendance a été octroyée aux Tchadiens par la France qui continue de tirer les ficelles à travers ses ingérences politiques et militaires. Il se rappelle encore de la modification de la constitution en 2005.
"Un constitutionaliste français dont je ne me rappelle pas le nom m’a obligé à changer de constitution", confie-t-il à VOA Afrique. "Où est la souveraineté et où est l’indépendance du Tchad ? On peut dire même que c’est une haute trahison. C’est de l’ingérence tout simplement. Comment le Tchad peut-il maintenant sortir de cette ingérence ?"
Pour le secrétaire national aux affaires juridiques et politiques du parti au pouvoir, Jean-Bernard Padaré, la France a demandé à Déby de modifier la constitution simplement pour l’aider à lutter contre Boko Haram dans la sous-région.
La France et certains Tchadiens qui aspirent au changement estiment que le président Déby est un homme de situation qu’il faut maintenir au pouvoir a-t-il dit.
"A l’époque, il a dit cette phrase quand des journalistes français l’accusaient de s’éterniser au pouvoir et il a simplement dit 'Mais écoutez ! Quand j’ai modifié la constitution en 2005, c’est parce que j’ai vu qu’effectivement la nation était en danger. C’est pourquoi j’ai accepté. Quand un ami constate que quelque chose de dangereux peut vous arriver et qu’il suggère d’améliorer cela, vous pensez que c’est une ingérence?'", rappelle Jean-Bernard Padaré.