Mardi, le chef du gouvernement conservateur a essuyé un cinglant revers à la Chambre des communes, désavoué par une majorité de députés qui ont approuvé une motion leur permettant de prendre le contrôle de l'agenda parlementaire, normalement détenu par le gouvernement.
Grâce à cette motion, les opposants à Boris Johnson pourront présenter mercredi un texte de loi contraignant le Premier ministre à demander à l'Union européenne un nouveau report du Brexit au 31 janvier 2020 au cas où aucun accord de retrait ne serait conclu avec Bruxelles dans les prochaines semaines. La Chambre des communes doit voter en début de soirée.
L'humiliation est d'autant plus cuisante pour le Premier ministre que 21 députés de son propre Parti conservateur l'ont défié et ont voté avec les élus de l'opposition.
Ces rebelles -- dont Nicholas Soames, le petit-fils de Winston Churchill, ou l'ex-ministre des Finances Philip Hammond --, ont été expulsés dans la foulée du parti.
- "Vote historique" -
"Le Premier ministre a perdu un vote historique", titrait mercredi matin le Times tandis que le Daily Express (pro-Brexit) déplorait que le Parlement ait "capitulé face à l'UE".
La plupart des éditorialistes soulignaient que Boris Johnson a "perdu le contrôle".
Mais ce dernier, déterminé à ce que le Royaume-Uni quitte l'Union européenne le 31 octobre -- avec ou sans accord de divorce, a préparé sa contre-attaque.
Si les députés anti-"no deal" parviennent à imposer un report du Brexit, son gouvernement soumettra alors au vote de la Chambre une motion pour convoquer des élections législatives anticipées. Ce texte devra recueillir deux tiers des voix pour être adopté.
"Je ne veux pas d'une élection, mais si les députés votent demain pour arrêter les négociations et appeler à un autre report inutile du Brexit, qui pourrait durer des années, dans ce cas (une élection) sera le seul moyen de résoudre" la situation, a d'ores et déjà averti le Premier ministre.
Le gouvernement a dit souhaiter qu'un tel scrutin ait lieu à la mi-octobre, en tout cas avant le sommet européen prévu les 17 et 18 octobre à Bruxelles. Mais certains députés redoutent qu'il ne change la date au dernier moment et ne repousse l'élection après le 31 octobre, la date prévue du Brexit, obligeant ainsi à une sortie sans accord.
La bataille féroce entre députés opposés à un retrait brutal de l'UE et le gouvernement se poursuit aussi devant les tribunaux.
La plus haute instance civile d'Ecosse doit se prononcer mercredi sur une action en justice intentée par 75 parlementaires pro-européens visant à bloquer la suspension du Parlement décidée par Boris Johnson.
Ce dernier s'est attiré les foudres de nombreux députés en suspendant pendant cinq semaines le Parlement, jusqu'au 14 octobre, leur laissant très peu de temps pour s'opposer à un "Brexit dur" avant la date fatidique du 31 octobre.
Selon l'ONU, un "no deal" ferait perdre aux Britanniques 14,6 milliards d'euros d'exportations vers l'UE. Ce scénario est le cauchemar des milieux économiques, qui redoutent aussi une envolée de l'inflation, une chute de la livre voire une récession.
Avec AFP