"Adama Gaye est sur le point de sortir de prison. Le juge lui a accordé une liberté provisoire", a déclaré cet avocat, Cheikh Khouraissy Ba, joint par téléphone.
Adama Gaye avait été interpellé le 29 juillet et inculpé deux jours plus tard pour "offense au chef de l'Etat" après avoir tenu des propos graveleux sur les réseaux sociaux visant le président du Sénégal.
Egalement inculpé de "manoeuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique", il était depuis lors écroué à la prison de Rebeuss, principal établissement pénitentiaire de Dakar.
Ses avocats avaient introduit plusieurs demandes de liberté, dont la dernière, déposée mercredi, a été acceptée par le juge chargé du dossier.
M. Gaye, qui a été journaliste dans plusieurs médias avant de se revendiquer comme un militant pour la "justice, la transparence et le progrès", est l'auteur de plusieurs articles dénonçant ce qu'il considère comme la mauvaise gestion du secteur du pétrole et du gaz.
Il a également publié sur Facebook plusieurs messages crus, voire obscènes, mettant en cause la vie privée du président Macky Sall et de son entourage.
L'arrestation du polémiste a été dénoncée par des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme, qui ont réclamé sa libération lors de manifestations au cours desquelles les opposants ont également dénoncé l'opacité dans la gestion des réserves d'hydrocarbures au Sénégal.
Le dossier du gaz et du pétrole, dont l'exploitation à grande échelle doit commencer en 2021-2022, agite la classe politique et les médias depuis la diffusion début juin d'un reportage de la BBC.
La chaîne britannique s'interrogeait notamment sur les conditions d'attribution en 2012, juste après l'arrivée au pouvoir de Macky Sall, de marchés pour la prospection et l'exploitation de champs off-shore à Petro-Tim, une société de l'homme d'affaires australo-roumain Frank Timis.
Le frère du président, Aliou Sall, qui avait été embauché peu après par cette société, a démissionné fin juin de la présidence d'une banque publique, la Caisse des dépôts et consignations (CDC), tout en démentant tout conflit d'intérêts dans le dossier pétrolier.