"J'y vais tout à l'heure", avait confirmé l'ambassadeur Ismail Hakki Musa, contacté par l'AFP.
L'offensive de la Turquie a provoqué un tollé international, plusieurs pays craignant une résurgence du groupe djihadiste État islamique (EI). Une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU doit avoir lieu jeudi.
Le président Emmanuel Macron a appelé la Turquie "à mettre un terme le plus rapidement possible" à son offensive en Syrie, qui "risque d'aider Daech (acronyme arabe de l'EI) à reconstruire son califat".
"C'est une lutte que nous menons contre une organisation terroriste issue du PKK (...), nous ne sommes pas en train d'aider Daech", a assuré en fin d'après-midi Ismail Hakki Musa, interrogé par la radio RTL.
"La Turquie est décidée à éradiquer les noyaux terroristes de ses frontières, les opérations vont continuer", a-t-il insisté, rappelant que son pays partageait une frontière commune de plus de 900 kilomètres avec la Syrie.
L'offensive turque vise les positions de la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), un groupe qu'Ankara considère comme terroriste pour ses liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), mais qui est soutenu par les pays occidentaux pour combattre les djihadistes du groupe État islamique.
"Si, entre alliés, nous n'avons pas la même définition des organisations terroristes, alors dans quelle mesure peut-on parler de la solidarité qui nous lie ?", a demandé Ismail Hakki Musa, dont le pays est membre de l'Otan.
Interrogé sur le risque d'une évasion de grande ampleur des djihadistes étrangers détenus par les forces kurdes à la faveur du chaos provoqué par l'assaut turc, il a rappelé la position d'Ankara, favorable au rapatriement de ces prisonniers dans leurs pays pour y être jugés. Plusieurs pays européens, dont la France, demandent qu'ils soient jugés là où ils ont commis leurs crimes.
"Nous, nous attendons que les pays d'origine reçoivent leur djihadistes (...). La Turquie ne va pas laisser des éléments djihadistes dans la nature, elle s'en occupera", a-t-il toutefois assuré.
Les Kurdes syriens ont été aux avant-postes de la lutte contre le groupe djihadiste avec le soutien aérien de la coalition internationale anti-EI.
En mars 2019, les Forces démocratiques syriennes (FDS), coalition à majorité kurde, se sont emparées de l'ultime bastion syrien de l'EI à Baghouz. Mais le groupe djihadiste reste actif dans la clandestinité.
La Norvège, pays de l'Otan, suspend toute nouvelle exportation d'armes vers la Turquie
La Norvège, pays allié de la Turquie au sein de l'Otan, a annoncé jeudi la suspension de toute nouvelle exportation d'armements vers Ankara après le lancement d'une offensive militaire turque dans le nord-est de la Syrie.
"Etant donné que la situation est complexe et change rapidement, le ministère des Affaires étrangères, par mesure de précaution, ne traitera pas de nouvelles demandes de licences d'exportation de matériels de défense et de matériels à usages multiples (...) vers la Turquie jusqu'à nouvel ordre", a déclaré la cheffe de la diplomatie norvégienne, Ine Eriksen Søreide.
"Nous passons maintenant en revue toutes les licences (déjà, ndlr) en vigueur", a-t-elle ajouté dans un courriel envoyé par ses services à l'AFP.
La Turquie a lancé mercredi une offensive contre les forces kurdes du nord-est de la Syrie, alliées des Occidentaux dans la lutte antijihadiste, suscitant une volée de critiques internationales.
La Finlande, qui n'est pas membre de l'Otan contrairement à la Norvège, avait également annoncé mercredi la suspension de toute nouvelle exportation d'armements vers la Turquie ou autre pays engagé dans la guerre.