Le syndicat des magistrats du Tchad dénonce l’ingérence du ministre de la Justice. Djimet Arabi, garde des Sceaux, fustige le comportement des responsables du syndicat de vouloir protéger leurs collègues corrompus.
"Le chef de l’Etat a dit que ceux qui ont les moyens ne sont pas arrêtés, ce sont donc les défavorisés qui subissent souvent la rigueur de la loi", a déclaré Djonga Arafi, secrétaire-général du Syndicat des magistrats du Tchad.
Le cas qui défraie la chronique est la libération d’un prévenu, accusé d’avoir menacé de mort une expatriée vivant à N’Djamena.
Djimet Arabi, ministre de la Justice, estime pour sa part que le prévenu a été condamné parce qu’il aurait refusé de donner un pot-de-vin au magistrat en charge du dossier qui l’avait convoqué à la veille de l’audience à son bureau.
Pour lui, ce n’est pas de la vocation des magistrats d’appeler les justiciables avant que leur dossier ne soit délibéré. Et pour cela, informe-t-il, le Conseil supérieur de la magistrature va être saisi pour faire le point.
Si la justice est décriée aujourd’hui, c’est par rapport au comportement de ceux qui sont censés rendre justice au nom du peuple tchadien, déplore Djimet Arafi.
Tout en qualifiant l’acte posé par le garde des Sceaux de rébellion, le secrétaire général du SMT, Djonga Arafi, appelle au respect des règles judiciaires édictées par la législation tchadienne.
Il rappelle que l’inspection générale des services judiciaires a pour rôle de discipliner les magistrats. S’il est établi que ces magistrats ont appelé le prévenu en question avant son jugement, que l’inspection fasse son travail, dit-il.
Pour le SMT, dès qu'une décision est rendue, le ministre ne doit pas intervenir de façon rocambolesque, enlever le prévenu des griffes de la justice.
Le secrétaire général du SMT estime que si la décision est mal rendue la voie qui s’offre c’est l’appel. Le deuxième degré de la juridiction est créé pour régler les décisions qui sont mal rendues. Combien des personnes sont victimes des erreurs judiciaires dans ce pays s’interroge Djonga Arafi.
Pour le greffier responsable des services judiciaires, maître Doudjimséngar Tatolngar, il y a tentative de corruption dans cette affaire.
Pour lui, "les agissements du SMT n’ont que pour finalité d’intimider la chancellerie à ne pas traiter sérieusement ce cas-là comme s’en est toujours été".
Le syndicat des magistrats du Tchad dit avoir des preuves que sur l’ensemble du territoire, une quarantaine des condamnés et des contraintes par corps sont libérés de façon arbitraire et menace de faire le déballage.