"Le Nigeria va obtenir désormais une part équitable et juste des revenus de ses ressources naturelles, pour la première fois depuis 2003", a déclaré le président Muhammadu Buhari, après la signature de l'amendement, voté par l'Assemblée Nationale.
"Les hommes politiques nigérians, avec la complicité des multinationales pétrolières, ont œuvré à maintenir un système de répartition des revenus, évalué à son minimum, calculé sur un baril de pétrole à 20 dollars - soit trois fois moins que son cours aujourd'hui", a affirmé le chef de l'Etat nigérian.
Cette annonce intervient alors que le ministre nigérian de la Justice, Abubakar Malami, avait réclamé à la mi-octobre 62 milliards de dollars aux compagnies pétrolières étrangères, arguant que selon la loi, l'extraction du pétrole offshore était sous-évaluée et fixée à des prix beaucoup plus bas que ceux du marché.
En effet, la loi votée en 1993 prévoit l'adoption de "contrats de partage de production", qui stipule que le gouvernement et les majors peuvent négocier leurs parts de revenus dès lors que le baril dépasse les 20 dollars, un prix totalement sous-évalué selon le gouvernement et qui n'est plus en accord avec la réalité du marché.
Le nouvel amendement prévoit le paiement de redevances, calculées sur des bases fixes selon l'évolution du prix du baril ou de la profondeur du puit, mais il n'était pas clair si ces dispositions s'appliquent de façon rétroactive.
Selon le communiqué de la présidence, cet amendement pourrait rapporter 1,5 milliard de dollars au pays d'ici 2021.
Au Nigeria, la plus grande partie du brut est extraite par cinq majors: l’anglo-néerlandais Shell, le français Total, les américains Chevron et ExxonMobil, l'italien Eni. Elles opèrent notamment en partenariat avec la compagnie pétrolière nationale (NNPC).
Les compagnies pétrolières étrangères ont ralenti, voir cessé leurs investissements, notamment dans les zones offshores, en raison, selon elles, des volatilités des politiques économiques nigérianes et de l'opacité du système.
Mais le Nigeria traverse un contexte économique difficile, plombé par la baisse des prix du baril et une production pétrolière stagnant à 1,86 million de barils par jour (mbj), malgré une capacité de production évaluée à 5 mbj.