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Yaoundé annonce la tenue de législatives en février 2020


Elu en 2013, le Parlement camerounais n'a pas été renouvelé en 2018, le président Paul Biya ayant décidé de prolonger le mandat des élus dans un pays ébranlé par des questions sécuritaires. (AP Photo / Sunday Alamba)
Elu en 2013, le Parlement camerounais n'a pas été renouvelé en 2018, le président Paul Biya ayant décidé de prolonger le mandat des élus dans un pays ébranlé par des questions sécuritaires. (AP Photo / Sunday Alamba)

Après deux reports, le Cameroun a finalement annoncé dimanche la tenue d'élections législatives et municipales le 9 février 2020 alors que le pays est confronté à une grave crise dans ses zones anglophones et fait également face aux attaques jihadistes de Boko Haram.

La présidence camerounaise a annoncé la tenue de ces scrutins - les premiers en 7 ans - dans un décret publié dimanche.

Elu en 2013, le Parlement camerounais n'a pas été renouvelé en 2018, le président Paul Biya ayant décidé de prolonger le mandat des élus dans un pays ébranlé par des questions sécuritaires.

Si l'élection présidentielle s'est bien déroulée en 2018, et a conduit à la réélection du président Biya, la participation avait chuté dans les régions anglophones, où le conflit entre indépendantistes et forces armées a fait 3.000 morts depuis deux ans, selon des ONG.

Elle a ainsi atteint 5% dans le Nord-Ouest, soit près de dix fois moins que dans l'ensemble du pays.

En outre, la réélection de M. Biya, au pouvoir depuis désormais 37 ans, a déclenché une grave crise politique au Cameroun.

Le candidat arrivé deuxième, Maurice Kamto, a contesté le résultat et évoquait un "hold up électoral" lors de marches organisées par son parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).

- L'opposition "réfléchit" -

Ces manifestations pacifiques avaient conduit à son emprisonnement en janvier. Depuis sa sortie de prison début octobre, M. Kamto a tenté à trois reprises de tenir des meeting publics, sans obtenir l'autorisation des autorités.

Jeudi, il s'est cependant rendu en silence à Bafoussam, ville de l'Ouest où 43 personnes sont mortes dans un éboulement fin octobre. Dans cette région dont il est originaire, il a été acclamé par la foule.

Contacté par l'AFP, le secrétaire général du MRC Christopher Ndong a affirmé que le parti avait besoin de "temps pour réfléchir" avant de donner sa position sur les élections.

"Nous avons demandé que certaines conditions préalables soient réunies, telles que la révision du code électoral", a-t-il précisé.

Pour l'instant, la majorité présidentielle, construite autour du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), se taille la part du lion au parlement, avec 157 élus sur 180.

- Pression américaine -

De son côté, le président Biya tente de redorer son blason à l'international. Outre l'annonce de la tenue des élections et la libération de M. Kamto, le pouvoir avait organisé un "Grand dialogue national" début octobre, où un statut spécial pour les régions anglophones a été proposé.

Ces gestes d'apaisement n'ont pas convaincu l'ensemble de la communauté internationale. Si le président Biya a reçu la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, les Etats-Unis ont pour leur part durci le ton face à Yaoundé.

Dénonçant des "violations grossières et répétées des droits humains internationalement reconnus", Washington a privé le Cameroun de son traitement commercial préférentiel.

Au Parlement camerounais, le principal parti d'opposition reste le Social Democratic Front (SDF) de l'opposant historique John Fru Ndi, même si le nouveau candidat du parti, Joshua Osih, s'est écroulé en 2018 en ne remportant que 3,35% des voix et la quatrième place.

Dans l'immédiat, des responsables du SDF contactés par l'AFP se refusaient à faire des déclarations sur leur participation, ou non, aux législatives de 2020.

Avec AFP

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