Avant de partir pour deux semaines dans son luxueux club de Mar-a-Lago, le président américain a prévu de signer une grande loi budgétaire qui englobe une myriade de décisions, de la politique familiale aux grandes orientations militaires.
"Je signerai aujourd'hui notre loi de défense de 738 milliards de dollars", a-t-il tweeté sur un ton triomphant, même si le texte est, comme toujours, le fruit de compromis entre élus républicains et démocrates du Congrès.
"Elle inclura 12 semaines de congé parental rémunéré, une hausse de salaires pour nos soldats, la création de la force de l'Espace, le financement du mur à la frontière sud, (...) et la hausse de l'âge légal pour fumer à 21 ans! Enorme!".
La "force de l'Espace" deviendra la sixième branche des forces armées américaines, après l'armée de Terre, l'US Air Force, l'US Navy, le corps des Marines et les garde-côtes. Aucun financement supplémentaire ne lui est cependant accordé pour le moment, le "Commandement de l'Espace" voulu par Donald Trump étant encore au stade de projet.
Le budget prévoit aussi une hausse de 3,1% des salaires des membres des forces armées, leur plus forte progression depuis une décennie.
Le texte fourre-tout prévoit par ailleurs des santions contre les entreprises collaborant à la construction du gazoduc russe Nord Stream 2, accusé par Washington de renforcer l'influence de Moscou en Europe, mais jugé par ses promotrices stratégiques pour l'approvisionnement du Vieux continent.
- "Un truc incroyable" -
A moins de 11 mois de la prochaine élection présidentielle, l'ancien homme d'affaires de 73 ans semble aussi déterminé à capitaliser sur de bons indicateurs économiques.
La croissance, dans sa 11e année, a été confirmée vendredi à 2,1% au troisième trimestre, un rythme plutôt soutenu tiré par la consommation des ménages.
En outre, le marché du travail a encore surpris les économistes par sa vitalité en novembre, avec la création de 266.000 emplois et un taux de chômage à nouveau au plus bas depuis un demi-siècle, à 3,5%.
"Ce que nous avons réalisé est un truc incroyable", a martelé le président jeudi soir lors d'un meeting de campagne dans le Michigan, quelques minutes après la vote par la Chambre des représentants de sa mise en accusation pour "abus de pouvoir" et "entrave à la bonne marche du Congrès" dans l'affaire ukrainienne.
"Quand je serai en débat face à l'un de ces personnages (candidats démocrates, NDLR) et qu'ils essayeront de dire des trucs négatifs, il me suffira de dire: Eh bien, regardez où nous en sommes!", a-t-il poursuivi, évoquant la situation des "cols bleus", premiers bénéficiaires selon lui de sa présidence.
Mais deux semaines loin de la capitale fédérale, sous le soleil de Floride dans ce qu'il appelle sa "Maison Blanche d'hiver", ne seront probablement pas suffisantes pour faire oublier à l'Amérique qu'il est devenu le troisième président de l'histoire mis en accusation au Congrès.
La procédure n'est en effet pas terminée. La date et le déroulement de son procès en destitution, qui sera mené par le Sénat à majorité républicaine et devrait lui assurer un acquittement, restent incertains.
Un nouveau bras de fer politique est en effet engagé pour en fixer les règles. En jeu: la durée et, surtout, le nombre et l'identité des témoins qui seront appelés à s'exprimer sous serment lors d'audiences qui pourraient avoir lieu en janvier.
"Nous sommes dans une impasse", a reconnu jeudi soir Mitch McConnell, chef de file du camp présidentiel au Sénat.