Parler ou dénoncer les auteurs, c’est un exercice encore très difficile pour les femmes et filles qui subissent des violences. Rokia Ouattara en a connu dans son couple. Aujourd’hui, elle s’est engagée dans la lutte. Son combat est de convaincre les victimes de dénoncer les auteurs. Ce qui n’est pas chose facile car comme elle le dit, "nos sœurs hésitent à faire des témoignages parce qu’il y a cette peur. Il faut qu’on puisse amener ces femmes victimes à porter plaintes".
L’écrivaine et féministe Amy Traoré a été victime d’excision dans son enfance. Faisant de sa plume son arme de combat, elle a décidé de créer plusieurs projets autour du livre comme moyen de sensibilisation. Elle a notamment publié l’œuvre autobiographique Le couteau brûlant, qui lui a permis de "sillonner des lycées et collèges, parce que cette lutte n’est plus seulement une question de femmes. C’est une question de société qui concerne tout le monde", estime-t-elle.
OIS Afrique est l’une des ONG en première ligne de la lutte contre les violences basées sur le genre. Cette organisation aide à la prévention et tente de rétablir les femmes victimes dans leur droit. Norbert Konan, coordonnateur de cette ONG, pense que les premiers résultats de la lutte sont encourageants.
"Il y a dix années de cela, c’était difficile d’aller à l’hôpital et dire que j’ai été victime de violence sexuelle, ou même à la police. Mais avec les sensibilisations, la prévention, la mise en place des comités de protection dans les quartiers, de nos jours, ces femmes, quand elles ont été victimes de violence sexuelle, vont directement dans les centres de santé pour se faire consulter", a-t-il déclaré.
Aider les femmes à sortir de la précarité, telle est la lutte engagée par Anne Marie Yao, présidente de Femmes Debout pour le Progrès et la Paix en Côte d’Ivoire (FDPCI) à Bouaké. Pour parvenir à cette ambition, Mme Yao fédère les femmes autour d’elle et prône l’entraide. Les débuts n’ont pas été faciles, dit-elle: "On a commencé à faire de petites tontines entre nous. On a commencé avec 500 francs CFA et nous étions 25 femmes. La priorité a été donnée aux plus vulnérables (…) On leur inculquait comment ne pas confondre le bénéfice et le prix d’achat".
Les efforts de son ONG ont fini par porter fruits, car "aujourd’hui, toutes ces femmes sont installées", souligne-t-elle.
Au plan national, l’Etat a doté une vingtaine de postes de police de bureaux du genre, afin de faciliter l’accès des victimes aux différentes voies de recours.