"Samedi, les moujahidines ont mené une attaque (...) ciblant un convoi de mercenaires turcs et les miliciens apostats qui les escortaient", a déclaré leur porte-parole Ali Mohamud Rage, dans un message audio.
Pour la première fois, les shebab se sont excusés auprès des victimes civiles de cet attentat, tout en le justifiant par la nécessaire lutte contre l'État somalien et ses soutiens étrangers.
"Nous sommes vraiment désolés pour les pertes infligées à notre société musulmane somalienne et nous présentons nos condoléances aux musulmans qui ont perdu leur vie, ont été blessés ou ont vu leurs biens détruits", a ajouté le porte-parole.
Il a accusé la Turquie de chercher à "conquérir" la Somalie et d'avoir pris "le contrôle de toutes (ses) ressources économiques". "Les Turcs sont nos ennemis et, comme nous l'avons déjà dit, nous ne cesserons pas de nous battre jusqu'à ce qu'ils se retirent de notre pays", a-t-il prévenu.
La Turquie est l'un des principaux donateurs et investisseurs en Somalie, un pays avec lequel elle entretient des relations historiques. Elle un rôle très actif dans le pays, notamment dans le domaine humanitaire et de la reconstruction. Des entreprises turques gèrent également le port et l'aéroport de Mogadiscio.
En septembre 2017, la Turquie a inauguré le plus grand centre d'entraînement militaire étranger de Somalie. Cette présence lui a plusieurs fois valu de voir ses intérêts et ressortissants ciblés par les shebab.
M. Rage a expliqué que le véhicule piégé avait été bloqué par les services de sécurité au point de contrôle, au moment où il voulait viser ce convoi, et que c'était donc la "volonté de Dieu" si autant de civils avaient été tués.
Les shebab ne revendiquent généralement pas les attentats faisant trop de victimes parmi la population civile, de peur de perdre le soutien dont ils jouissent encore auprès de certains Somaliens.
Parmi les morts figurent au moins 16 étudiants de l'université privée de Banadir, dont le bus passait à ce carrefour au moment de l'explosion.
Le bilan s'est alourdit lundi à 81 morts, selon le ministère somalien de l'Information, deux victimes ayant succombé à leurs blessures.
Affiliés à Al-Qaïda, les shebab commettent régulièrement des attentats à la voiture piégée et des attaques d'autres types à Mogadiscio, dans le cadre d'une insurrection lancée contre le gouvernement soutenu par la communauté internationale.
Cet attentat est le plus meurtrier depuis celui commis en 2017 avec un camion piégé, qui avait tué plus de 500 personnes dans la capitale. Les shebab ne l'avaient pas revendiqué.
Depuis 2015, la Somalie a été frappée par 13 attentats ayant fait au moins 20 morts, dont 11 à Mogadiscio, selon un décompte de l'AFP. Mais les attaques au bilan moins élevé sont quasi-hebdomadaires.
Les shebab ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et les 20.000 hommes de la force de l'Union africaine en Somalie (Amisom).
Chassés de Mogadiscio en 2011, ils ont perdu l'essentiel de leurs bastions mais contrôlent toujours de vastes zones rurales d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides. On estime qu'ils comptent entre 5 et 9.000 combattants.
Les États-Unis ont annoncé avoir tué dimanche quatre "terroristes" lors de trois frappes menées en Somalie contre les shebab.