Depuis les révélations du New York Times, le 5 octobre 2017, plus de 80 femmes, y compris des célébrités comme Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie ou Léa Seydoux, ont accusé cet ancien magnat hollywoodien de 67 ans de les avoir harcelées ou agressées sexuellement.
Mais le procès ne concerne directement que deux d'entre elles, témoin de la difficulté de construire un dossier pénal sans preuve matérielle et sans témoin, autour d'allégations qui remontent souvent à plusieurs années.
L'ancienne assistante de production Mimi Haleyi affirme qu'Harvey Weinstein l'a agressée sexuellement dans son appartement new-yorkais en juillet 2006.
La seconde victime présumée, demeurée anonyme, l'accuse elle d'un viol en mars 2013 dans une chambre d'hôtel, également à New York.
L'acte d'accusation a été modifié en août pour inclure l'actrice Annabella Sciorra, qui affirme avoir été sexuellement agressée par M. Weinstein en 1993.
Si les faits la concernant sont prescrits, ils doivent permettre à l'accusation d'étayer le chef d'inculpation de comportement sexuel "prédateur", qui fait risquer la perpétuité au producteur.
Une condamnation de l'ancien patron du studio Miramax serait une victoire majeure pour le mouvement qui combat harcèlement sexuel et discrimination à Hollywood et au-delà.
Car plus de deux ans après la naissance de #MeToo, si de nombreux hommes de pouvoir dénoncés par ce mouvement sont tombés en disgrâce, la quasi-totalité a échappé à des poursuites pénales.
Le seul autre procès en vue concerne le chanteur R. Kelly, inculpé l'an dernier d'une série d'agressions sexuelles sur des jeunes femmes, parfois mineures.
En septembre 2018, l'acteur américain Bill Cosby a certes été condamné à une peine minimum de trois ans de prison, mais les poursuites avaient été initiées fin 2015, avant la déferlante post-Weinstein.
- Suivi dans le monde entier -
"Il est clair que ce sera le procès pénal le plus en vue aux Etats-Unis", qui "sera suivi dans le monde entier", a résumé à l'AFP Gloria Allred, avocate de Mimi Haleyi et de l'actrice Annabella Sciorra.
Le juge d'Etat James Burke a accepté que la comédienne de 59 ans, qui dit avoir été violée par l'accusé durant la période 1993-94, témoigne au procès.
Si Harvey Weinstein est devenu un paria pour l'opinion depuis deux ans, l'accusation est loin d'être assurée d'obtenir la condamnation de celui qui fut le producteur indépendant le plus puissant du monde.
Bien avant l'ouverture du procès, censé durer environ six semaines, les avocats du sexagénaire ont tenté de saper les témoignages des deux victimes présumées.
La défense a ainsi déjà produit courriers électroniques et textos montrant qu'elles étaient chacune restées en contact avec leur agresseur présumé plusieurs mois après les faits supposés.
Ces échanges "vous amèneront à penser que les faits rapportés jusqu'ici ne sont qu'une partie de l'histoire", affirmait en juillet l'avocate Donna Rotunno, qui mènera l'équipe de cinq avocats chargés de défendre M. Weinstein.
Connu pour son impatience et ses accès de colère, l'ex-producteur a changé plusieurs fois d'avocats avant de choisir cette pénaliste de Chicago qui a déjà défendu, avec succès, des dizaines d'hommes accusés de harcèlement ou d'agression sexuelle.
En face, l'accusation a obtenu, outre Annabella Sciorra, de pouvoir faire témoigner trois autres victimes présumées d'Harvey Weinstein, pour pouvoir brosser le tableau d'un prédateur sexuel insatiable.
Le producteur a admis des "erreurs" et être en prise à des "démons" intérieurs, mais il a toujours affirmé que ses relations sexuelles étaient toutes consenties.
Il a déclenché un tollé mi-décembre en s'indignant, dans un entretien au New York Post, de ne pas être reconnu comme un pionnier de la promotion des femmes à Hollywood.
"Les jurés et le juge sont censés ignorer tout ça", explique Joseph Cabosky, professeur à l'université de Caroline du Nord, "mais on sait très bien que c'est impossible".
Avec AFP