Le maréchal Haftar avait demandé lundi soir un délai de réflexion jusqu'à mardi matin avant de signer l'accord formel de cessez-le-feu accepté par son rival, Fayez al-Sarraj, mais il est finalement parti de Moscou sans apposer sa signature sur le document négocié sous l'égide d'Ankara et Moscou, a dit à l'AFP la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova.
Les troupes des deux camps s'affrontent dans des combats meurtriers aux portes de Tripoli depuis neuf mois, l'homme fort de l'Est espérant conquérir militairement la capitale.
Les parties ont semblé néanmoins jusqu'ici respecter depuis dimanche le cessez-le-feu décidé le 8 janvier par les présidents Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, témoignant de leur influence respective alors que l'Occident semble impuissant à peser sur le chaos libyen.
Ankara soutient Sarraj et déploie même pour ce faire des militaires tandis que Moscou, malgré ses dénégations, est soupçonné d'appuyer Haftar avec des armes, de l'argent et des mercenaires.
Le départ du maréchal Haftar de Moscou sans signer d'accord pose la questions de la viabilité d'une conférence internationale sur la Libye sous l'égide de l'ONU à Berlin, censée se tenir en janvier. La chancelière Angela Merkel était venue à Moscou samedi, obtenant le soutien de Vladimir Poutine.
Entre l'arrivée sur le terrain libyen de la Turquie, la présence suspectée de mercenaires russes et l'existence d'une multitude de groupes armés -- notamment des milices jihadistes, des trafiquants d'armes et des passeurs de migrants -- la communauté internationale craint de voir le conflit libyen dégénérer.
L'Europe redoute en particulier que la Libye ne devienne une "seconde Syrie" et veut réduire la pression migratoire à ses frontières, car elle a recueilli ces dernières années des centaines de milliers de migrants fuyant les conflits du monde arabo-musulman.
Pour Moscou, les Occidentaux sont largement responsables du conflit en Libye, pays ayant les plus importantes réserves africaines de pétrole, car ils ont soutenu militairement les rebelles qui ont renversé et tué le colonel Mouammar Kadhafi en 2011.
Hormis des gains géopolitiques sur ses rivaux et un accès privilégié au pétrole libyen, la Russie espère retrouver ce marché pour ses armes et son blé. D'autant que Vladimir Poutine ambitionne de prendre pied en Afrique.
La Turquie a aussi des visées pétrolières, à la faveur d'un accord controversé avec le GNA qui élargit le plateau continental turc et lui permet de revendiquer l'exploitation de certains gisements.
Avec AFP