La signature de ce traité, prévue à la Maison Blanche à 11H30 locales (16H30 GMT) en présence du vice-Premier ministre chinois Liu He, mettra temporairement fin à un bras de fer dont l'enjeu est ni plus ni moins la domination économique et technologique mondiale.
Entamé au printemps 2018 pour mettre fin aux pratiques commerciales chinoises jugées "déloyales", ce conflit s'est matérialisé par des droits de douane punitifs réciproques sur des centaines de milliards de dollars de marchandises.
Il a durement affecté le monde agricole et l'industrie manufacturière aux Etats-Unis, ceux-là mêmes qui avaient porté le président républicain au pouvoir en 2016.
Donald Trump a parié sur leur patriotisme, leur demandant de la patience avant des lendemains meilleurs. Son administration a présenté la guerre commerciale comme un mal nécessaire pour rééquilibrer le commerce avec le partenaire chinois.
L'ancien homme d'affaires, qui clamait que les guerres commerciales étaient faciles à gagner, a aussi constamment répété que l'économie américaine restait immune quand la croissance chinoise ralentissait.
Pour autant, ce conflit inédit a suscité la colère, parfois le désespoir du monde agricole.
Un seul exemple: les exportations de soja américain vers la Chine se sont effondrées en 2018, représentant 3,1 milliards de dollars contre 12,3 milliards en 2017.
En moins de deux ans, la Chine a été reléguée de la deuxième à la cinquième place pour les exportations des produits agricoles américains.
Pour atténuer les pertes, l'administration Trump a dû débloquer 28 milliards de dollars d'aide au total entre 2018 et 2019.
Un maigre réconfort pour les agriculteurs, qui n'ont eu de cesse de demander une solution négociée pour reprendre leur activité plutôt que d'être maintenus en vie sous perfusions.
Selon des données chinoises, les achats de soja américain par Pékin ont déjà augmenté de façon significative en décembre (+67% par rapport à l'année précédente).
- Cérémonie éclipsée par les démocrates -
Cet accord est "une grande victoire pour les entreprises américaines et les agriculteurs américains", a déclaré le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin sur Fox Business, évoquant un "pas de géant".
Donald Trump "est le premier président à s'être attaqué" au problème de la Chine, auxquels ont été confrontés "démocrates et républicains", a-t-il également observé.
Pour autant, cette victoire politique --un accord commercial avec Pékin était aussi une promesse électorale de 2016-- sera sans doute éclipsée mercredi par les démocrates de la Chambre des représentants, qui doivent transmettre au Sénat l'acte d'accusation retenu contre Donald Trump.
Le procès en destitution devrait, lui, s'ouvrir mardi prochain.
Nul doute que l'administration Trump tentera de présenter dans une lumière favorable les détails de l'accord avec la Chine.
"Pour la première fois, nous avons un accord complet sur les problématiques technologiques, les services financiers, les achats" supplémentaires de biens chinois, ainsi qu'un "vrai mécanisme pour faire appliquer" l'accord, fait valoir Steven Mnuchin.
Les experts scruteront en particulier toute précision sur les achats supplémentaires de biens américains.
Selon Washington, Pékin va acheter pour 200 milliards de dollars de produits américains supplémentaires sur une période de deux ans comparé au niveau d'achat de 2017.
En échange des engagements chinois, l'administration Trump a renoncé à imposer de nouveaux droits de douane à la Chine et diminué de moitié ceux imposés le 1er septembre sur 120 milliards de dollars de biens chinois.
Le gouvernement américain devrait aussi insister sur le lancement imminent des négociations pour une phase 2 de l'accord, abordant des questions plus sensibles telles que la cybersécurité.
Et comme pour faire taire à l'avance les rumeurs d'une inflexion de la stratégie américaine, les services du Trésor et du représentant américain au Commerce ont indiqué mardi qu'il n'y avait pas d'accord sur une diminution à venir des droits de douane. Une exigence de longue date de Pékin.
"Le président ne réduira les tarifs douaniers que s'il y a une phase 2 de l'accord, qui est également pleinement exécutoire", a insisté Steven Mnuchin.