Lors d'une conférence de presse à l'issue de la rencontre, le chef de la diplomatie algérienne Sabri Boukadoum a indiqué que ses hôtes avaient souligné "la nécessité de respecter la Libye en tant qu'Etat uni, de respecter la souveraineté des autorités légitimes à travers l'ensemble du territoire".
A l'initiative de l'Algérie, la réunion a rassemblé autour d'une même table les ministres des Affaires étrangères de Tunisie, d'Egypte du Tchad ainsi que du Mali. Des diplomates du Soudan et du Niger y ont également participé.
Etait également présent le ministre allemand, Heiko Maas, qui a informé les participants des résultats du sommet international de Berlin, dimanche dernier.
"Cette réunion n'est pas un mécanisme mais plutôt une réunion de concertation et de coordination pour faire entendre la voix des pays voisins dans les forums internationaux", a expliqué M. Boukadoum.
Il a souligné que les participants à la réunion avaient exprimé leur "rejet de toute ingérence étrangère en Libye" et encourageaient "les parties libyennes à régler leur crise par les moyens pacifiques".
La Libye, qui dispose des plus importantes réserves africaines de pétrole, est minée par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi après une révolte populaire.
Depuis 2015 deux autorités rivales se disputent le pouvoir, le Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par Khalifa Haftar dans l'Est. Une trêve est observée depuis le 12 janvier aux portes de la capitale libyenne entre les proGNA et les proHaftar qui ont lancé en avril 2019 une offensive pour s'emparer de Tripoli.
Plusieurs pays africains s'étaient plaints d'avoir été tenus à l'écart du processus dit de Berlin, où promesse a été faite de respecter un embargo sur les armes et de ne plus interférer dans les affaires libyennes.
Toutefois, les conséquences de cet engagement sur le terrain restent incertaines: les deux rivaux directs, Fayez al-Sarraj, le chef du GNA, et Khalifa Haftar, ont refusé de se rencontrer à Berlin.
- "Confiance" -
MM. Sarraj et Haftar ne participent pas non plus à la réunion d'Alger. Et preuve des tensions persistantes, l'aéroport de Tripoli a dû fermer pendant plusieurs heures après des menaces des pro-Haftar.
"Nous sommes confiants en la capacité des Libyens à dépasser leurs différends par la voie du dialogue et de la réconciliation et à parvenir à un règlement politique", a plaidé M. Boukadoum en appelant à associer l'Union africaine et l'ONU à toute solution.
Invité à Berlin, le nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune avait proposé d'héberger un "dialogue" interlibyen.
"Il y a des déclarations de Sarraj, des déclarations de la partie de Haftar qui ont estimé que la seule puissance à même de régler le problème c'est l'Algérie. Nous avons leur confiance", a dit mercredi M. Tebboune lors d'une rencontre inédite avec des médias publics et privés algériens.
"Tous demandent la médiation de l'Algérie. C'est encourageant (...). La paix en Libye est synonyme de paix chez nous", a-t-il souligné.
- Consultations -
Soucieuse de rester à égale distance des deux camps, l'Algérie qui partage près de 1.000 km de frontière avec la Libye, a multiplié ces dernières semaines les consultations sur ce conflit.
"Rien que la mobilisation (des forces algériennes) et l'achat d'armes entraînent des dépenses que l'on pourrait consacrer au développement (...) Chaque fois que nous apprenons qu'il y a un type d'armes (en Libye), nous achetons les (mêmes) armes pour y faire face", a observé M. Tebboune.
L'Algérie a reçu ces derniers jours le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, le Premier ministre italien Giuseppe Conte et les chefs de la diplomatie turque, égyptienne et italienne.
Dimanche, le président turc Recep Tayyip Erdogan, allié du GNA, est attendu à Alger.
La Turquie a déployé des soldats en soutien au GNA. Le maréchal Haftar est lui soutenu par la Russie, l'Egypte et les Emirats arabes unis.