L’administration Trump a annoncé la semaine dernière des interdictions de visas pour les ressortissants de 6 pays, dont le Nigeria, l’Erythrée, le Soudan et la Tanzanie. Ces restrictions entreront en vigueur le 21 février. Selon Washington, les pays visés n’ont pas rempli les critères exigés en matière de sécurité.
Le président Nigérian Muhammadu Buhari est finalement sorti de son silence pour réagir.
Dans un tweet, il a annoncé la création d’une commission, présidée par le ministre de l'Intérieur, pour étudier et répondre aux exigences américaines. Elle aura également pour mission de fournir des mises à jour concernant la conformité à certains critères de sécurité imposés par les pays étrangers.
La plupart des citoyens du Nigéria ne comprennent pas la décision de l'administration Trump. C'est le cas du docteur Sam Ahmadi, professeur à Base University : "Je pense que tout cela est un peu confus. La position du gouvernement américain limite les visas d’immigration à ceux qui veulent aller vivre aux Etats-Unis. Mais si vous revenez un peu en arrière quand le président Trump est arrivé au pouvoir, il avait mis le Nigeria sur une liste noire de certains pays à prédominance musulmane ayant des antécédents sur le plan du terrorisme".
La décision de l'administration Trump est saluée par certaines organisations de la société civile.
C'est le cas d'Ariyo Dayo Attoyé, un activiste qui milite au sein de la Coalition pour la décence et la démocratie au Nigeria. Il souligne que depuis l’arrivée au pouvoir du président Buhari, certains groupes de la société civile avaient à plusieurs reprises réclamé l’interdiction d’accès aux Etats-Unis pour certaines catégories de Nigérians, y compris les politiciens qui entravent l'évolution du processus électoral et démocratique dans le pays.
"En tant que coalition, nous avons à plusieurs reprises écrit au gouvernement Américain pour lui demander d’imposer une restriction de visas sur certaines catégories de Nigérians, comme les politiciens qui sabotent nos élections et d’autres officiels du gouvernement qui violent les droits des citoyens ordinaires", confie-t-il.
De nombreux Nigérians accusent le gouvernement fédéral de négligence et appellent les autorités à changer les choses. C'est le cas d'Angeline Okoro, qui vit à Lagos, la capitale.
"Notre gouvernement doit tout régulariser parce qu’il y a des protocoles entre pays et si nous ne respectons pas ces protocoles je ne vois pas comment un autre pays peut nous permettre d’entrer chez eux comme ça", précise-t-elle.
Pour l'heure, les Nigérians attendent de voir comment le gouvernement fédéral sous Buhari entend résoudre cette crise, même si la présidence veut rassurer et se dit déterminée à maintenir de bonnes relations avec les États-Unis et d'autres alliés internationaux.