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Les Togolais ont voté dans le calme


Les électeurs sont identifiés dans une école primaire publique lors de la présidentielle, à Lomé, Togo, le 22 février 2020.
Les électeurs sont identifiés dans une école primaire publique lors de la présidentielle, à Lomé, Togo, le 22 février 2020.

Les Togolais ont voté dans le calme samedi pour choisir leur président, un scrutin sans incident majeur ni grand suspense. Le président sortant Faure Gnassingbé candidat à un quatrième mandat face à une opposition divisée, s'attend à une victoire. 

Les 9.383 bureaux de vote du pays ont fermé comme convenu à 16 heures (locales et GMT), et ont connu une affluence moyenne, selon des informations recueillies par des journalistes de l'AFP.

Beaucoup d'électeurs avaient prévenu qu'ils ne participeraient pas à un scrutin qu'ils ne jugent ni libre ni transparent, affirmant ne plus croire dans les urnes pour connaître l'alternance dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, dirigé par la famille Gnassingbé de père en fils depuis plus d'un demi-siècle.

Le président sortant Faure Gnassingbé a maintenu jusqu'au bout la surprise sur le bureau où il allait voter avant de s'envoler finalement à la mi-journée à Pya, son fief natal dans la région de Kara, dans le nord du pays.

Vêtu d'un costume bleu en lin, il s'est dit "fier" du "déroulement pacifique du processus électoral" de la journée.

"Je tiens à vous exhorter tous à vous rendre aux urnes pour exprimer votre choix en toute liberté pour un meilleur rayonnement de notre démocratie", a-t-il insisté dans une petite école primaire de la commune.

"Le calme et la sérénité observés en ce jour du vote, témoignent de la maturité politique et de l’esprit de responsabilité du peuple Togolais", a de son côté déclaré le ministre de la fonction publique, Gilbert Bawara.

Les résultats officiels sont attendus en début de semaine, selon des sources au sein de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

Toutefois, l'opposition qui a contesté tous les précédents scrutins de 2005, 2010 et 2015, craint des "fraudes" et ses supporters ont tenu à assister au dépouillement des bulletins.

- Observateurs écartés -

Dans le quartier de Bè, à Lomé, un quartier traditionnellement acquis à l'opposition, des citoyens scandaient "à voix haute! à voix haute!" pour encourager les membres de la Commission électorale (Ceni) à dépouiller chaque bulletin publiquement.

L'institution de la société civile Togo Debout a déclaré avoir recensé "des bourrages d'urnes ici et là, à Lomé et à Vogan (sud)".

Des délégués de l'opposition se sont également vus refuser les accès dans certains bureaux de vote, selon la société civile.

Ces incidents s'ajoutent toutefois au retrait d'accréditation de nombreux observateurs de la société civile, ainsi que l'abandon du système de sécurisation électronique des résultats quelques jours avant le vote.

Un candidat de l'opposition, Agbéyomé Kodjo, qui a voté également à Lomé a martelé que "les Togolais veulent le changement, ils veulent l'alternance".

Cet outsider, qui a enregistré de nombreux soutiens ces derniers mois, notamment de l'ancien archevêque de Lomé, pourrait créer la surprise et ravir la place de principal opposant au leader traditionnel de l'opposition Jean-Pierre Fabre, de l'Alliance nationale pour le changement (ANC).

L'opposition, qui se présente en rang dispersé avec six candidats, a toutefois assuré qu'elle s'unirait pour faire bloc contre le président sortant en cas de second tour.

- "Déçus" par l'opposition traditionnelle -

Pendant cette campagne, beaucoup de Togolais se sont dits "déçus" par l'opposition traditionnelle après l'échec des manifestations de 2017-2018.

Des dizaines voire des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour demander la démission de Faure Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, qui avait lui-même dirigé le pays pendant 38 ans.

Mais le mouvement s'est essoufflé et le Parlement a finalement voté une modification de la Constitution permettant au chef de l'Etat de se présenter pour un quatrième et cinquième mandat en 2025.

Le président peut se targuer d'un bilan économique plutôt positif, avec une croissance stable de 5% mais ses détracteurs dénoncent une gouvernance autoritaire et la corruption de son entourage quand la moitié de la population vit sous le seuil de la grande pauvreté, avec moins d'1,90 dollar par jour.

La France, ex-puissance coloniale, allié traditionnel de la dynastie Gnassingbé et présente au Sahel voisin dans la lutte contre les mouvements jihadistes, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans une Afrique de l'Ouest en proie à la violence jihadiste.

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