L’action a été bien suivie selon le secrétaire général du syndicat autonome des magistrats du Niger (Saman) qui a appelé à cette journée "Justice morte".
Son objectif était de protester contre la décision du gouvernement annoncée après les conclusions d’un audit sur les marchés d’achat d’équipements pour les militaires engagés dans la lutte contre le terrorisme. Un audit qui a relevé d’importants détournements.
Le gouvernement somme les mis en cause, en majorité proches du régime, de rembourser les montants indûment perçus. C’est seulement à défaut que le dossier sera transféré à la justice. Pour les magistrats, l’exécutif veut s’arroger les attributions du pouvoir judiciaire. Ils ne comptent pas cautionner cela.
"La journée justice morte est une première expérience pour montrer notre mécontentement face à ces velléités du gouvernement, prochainement ce sera plus qu’une action de protestation", averti Nouhou Aboubacar, secrétaire-général du syndicat des magistrats.
Les magistrats ont rallié à leur cause les avocats et les greffiers. Ensemble ils ont mis en place un cadre de concertation des acteurs de la justice (CCAJ) pour "la défense permanente de la justice nigérienne".
"Nous sommes engagés pour défendre les principes et les valeurs fondamentaux de la justice", déclare Me Boubacar Oumarou bâtonnier de l’ordre des avocats du Niger. Le nouveau cadre exige la transmission sans délai, aux autorités judiciaires compétentes, du rapport définitif de l’audit du ministère de la défense nationale "afin qu’il soit traité conformément aux lois et règlements de la république".
Comme pour davantage maintenir la pression sur le gouvernement afin qu’il change d’option, plusieurs organisations de la société civile ont appelé à une manifestation de rue dimanche 15 mars 2020 à Niamey et dans les autres villes du pays.