Paul Atanga Nji, ministre de l'administration territoriale, accuse les ONG Human Rights Watch, Amnesty International, International Crisis Group, le Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale (Redhac) et d’autres organisations caritatives d’être "engagées dans une démarche conspirationniste contre le Cameroun et contre les forces de défense et de sécurité".
L’une des ONG nommées a tôt fait de réagir, 24h seulement après cette déclaration de Paul Atanga Nji. Au cours d’une conférence de presse à Douala, la capitale économique, le Redhac a réfuté les propos tenus par le ministre.
Une plainte contre le ministre
Contactée par VOA Afrique, Maximilienne Ngo Mbe, directrice exécutive du Redhac, s’est indignée "qu’un ministre qui représente la République rentre dans ce genre de calomnies". Le Redhac va "déposer contre M. Atanga Nji, pour qu’il démontre aux yeux de toute la communauté nationale et internationale, puisqu’il a dit qu’il a les preuves, comment nous sommes parmi les associations, les ONG qui déstabilisent les institutions", a-t-elle ajouté.
Le ministre de l’administration territoriale n’a eu aucune réserve sur les financements d’une agence onusienne, de certaines ONG internationales et locales qui suivent de près la crise en zone anglophone.
Le gouvernement attaque le financement des ONG
"Le Ministre de l’administration territoriale est en mesure d’affirmer que ces ONG aux ordres ont reçu plus de 5 milliards de FCFA des réseaux occultes à l’intérieur et à l’extérieur du Cameroun pour déstabiliser les institutions de la République", a affirmé Paul Atanga Nji.
D’après ce dernier, l’objectif desdits financements est aussi de faire "diffuser régulièrement dans certains médias à leur solde et dans les réseaux sociaux, des informations tronquées pour discréditer la gestion de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest par le gouvernement".
Le journal Le Jour a été cité par le ministre, parmi les quatre médias locaux à capitaux privés qui "relaient les rapports erronés contre les forces de défense et de sécurité diffusés par les ONG aux ordres".
"J’interdis à M. Atanga Nji de parler ainsi de moi, de mon travail, de mon journal en ces termes orduriers", a réagi Haman Mana, directeur de publication du journal, dans une interview accordée au Journal du Cameroun.
Human Rights Watch a accusé l’armée camerounaise dans un récent rapport de la mort d'au moins 21 civils - dont 13 enfants et une femme enceinte - le 14 février dernier dans le Nord-Ouest anglophone. L’armée a plutôt évoqué "un malheureux incident lors d’une opération de sécurisation dans la région".
Un délai de 60 jours a été fixé aux ONG exerçant au dans le pays pour déposer leurs rapports d’activités des trois dernières années y compris celles du système des Nations unies.