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Cameroun: témoignages de victimes de traite et de trafic humain


Cyril Nemande, devant le siège de l’association Ô pays Human migrant à Yaoundé, le 7 mars 2020. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Cyril Nemande, devant le siège de l’association Ô pays Human migrant à Yaoundé, le 7 mars 2020. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

De nombreuses jeunes filles camerounaises sont victimes de traite et de trafic d'êtres humains. C'est ce que révèle une association locale qui a mené des recherches sur le sujet ces trois dernières années.

Ces Camerounaises sont pour la plupart revenues de certains pays du Golfe et d'Afrique du Nord. Le gouvernement, ses partenaires internationaux et la société civile veulent éradiquer ce phénomène.

De nombreuses camerounaises victimes de traite et de trafic d'êtres humains
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Les concernées délient leurs langues et racontent ce qu'elles ont vécu. "On m’a vendue, nous étions plus de 200 personnes, certaines sont tombées dans la mer, d’autres sont même mortes", raconte Edwige Christelle à VOA Afrique.

Elle a tenté la traversée de la mer Méditerranée pour l’Europe en passant par l’Algérie, le Maroc et la Libye. C’est dans ce dernier pays qu’elle a été victime, dit-elle, de traite et du trafic humain. "En Libye, j’ai fait 6 mois pour essayer d’entrer en Italie, j’ai été malheureusement capturée à la Méditerranée par des Libyens, et c’est un Malien qui m’avait achetée, nous étions dans le sous-sol de sa maison", poursuit-elle.

La jeune Camerounaise qui vit aujourd’hui à Yaoundé, a vécu cette situation étant enceinte de six mois. Elle dit avoir passé un mois dans un lieu clos dans cet état, attendant que sa famille au Cameroun paye la rançon que "son acheteur" demandait. "Ma famille a envoyé 3.500.000 francs CFA, et je suis sortie, la Croix rouge en Libye nous a récupérés et nous a envoyés dans les différents camps de l’Union européenne pour nous rapatrier".

Le cas d’Edwige Christelle est loin d’être unique au Cameroun. D’autres jeunes filles comme Berthe Olga ont expérimenté pire. "Mon voisin, un policier, m'a dit qu'au Koweït, j'aurais l’opportunité de poursuivre des études en médecine, et aussi de travailler en même temps, rémunérée 600.000 francs CFA par mois".

Séduite par l’offre, Berthe Olga alors étudiante, va céder en contrepartie une parcelle au policier en question. Mais en réalité, Olga avait été vendue au profit d’une agence au Koweït, comme femme de ménage. Elle sera contrainte de travailler dans trois familles successivement. "Ce sont des grands salons, qu’il faut nettoyer de fond en comble et à longueur de journée, on ne cesse de vous répéter "tu m’as coûté cher". Tu n’as pas le droit de t’asseoir, peu importe si tu dors à minuit ou à 2 heures, à 4 heures du matin, tu dois être debout, on crache sur toi, on te baffe, je mangeais presque pas", explique-t-elle. La famille de Berthe Olga a dû payer un 1.200.000 francs CFA à l’agence qui l’employait pendant deux ans au Koweït pour qu’elle puisse revenir dans son pays.

Au Cameroun, le ministère des affaires sociales et le bureau de l’Organisation internationale pour les migrations, ont initié le projet "Evaluation situationelle de la traite des personnes au Cameroun" entre 2017 et 2019. Le projet vise, entre autres, la création d’une ligne verte "1503", dédiée aux migrants.

L’association Ô pays Human Migrant, est l’un des partenaires techniques de ce projet. "Il y’a plus de 4.000 Camerounais, ces trois dernières années, qui ont été victimes de traite et de trafic humain dans notre pays. Près de 90% des personnes qui sont retournées ont été victimes des travaux forcés, de l’esclavage, de la prostitution", selon Cyril Nemande, président de l'association.

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