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Entre pandémie et élection, la Chine n'a jamais eu aussi mauvaise presse aux Etats-Unis


Le World Trade Center s'élève au-dessus d'une septième avenue presque vide dans le West Village le 25 mars 2020 à New York, l'épicentre de l'épidémie américaine. (Photo de Bryan R. Smith / AFP)
Le World Trade Center s'élève au-dessus d'une septième avenue presque vide dans le West Village le 25 mars 2020 à New York, l'épicentre de l'épidémie américaine. (Photo de Bryan R. Smith / AFP)

Le nouveau coronavirus a fait des dizaines de milliers de morts aux Etats-Unis et Donald Trump comme Joe Biden, son futur adversaire démocrate à la présidentielle de novembre, montrent du doigt la Chine qui n'a jamais eu aussi mauvaise presse dans l'opinion publique américaine.

Une étude du centre de recherche Pew publiée mardi affirme que 66% des Américains ont une mauvaise opinion de la Chine, un plus haut historique et le point culminant d'une situation qui n'a cessé d'empirer depuis l'arrivée au pouvoir de M. Trump.

"Nous voyons un virage spectaculaire vers le négatif depuis deux ans", explique Laura Miller, co-auteure de l'étude.

Donald Trump, très critiqué pour sa gestion initiale de la crise du Covid-19, et les faucons du parti républicain accusent la Chine d'avoir tardé à alerter le monde sur la gravité de l'épidémie née à Wuhan fin décembre, qui a déjà tué plus de 40.000 personnes aux Etats-Unis.

Illustration de la campagne négative à venir pour l'élection présidentielle, l'équipe de Donald Trump a diffusé une vidéo accusant Joe Biden d'avoir "protégé les sentiments" de Pékin quand il était vice-président de Barack Obama et suggérant - sans preuve - qu'il agissait au nom des intérêts financier de son fils Hunter, qui a fait des investissements en Chine.

Joe Biden a répliqué dans un spot de campagne, rappelant que le milliardaire avait d'abord salué les efforts de la Chine pour combattre l'épidémie et affirmant que les Etats-Unis n'étaient par sa faute "pas préparés et pas protégés".

La pandémie arrive au milieu d'une guerre commerciale entre Pékin et Washington avec des hausses de taxes douanières, saluées même par les démocrates, sur fond d'accusations américaines de vol de propriété intellectuelle.

Les républicains, soucieux de faire oublier le rôle de la Russie dans la victoire de Donald Trump, ont à leur tour accusé la Chine d'ingérence dans les élections parlementaires de 2018 par le biais d'achats de publicités dans les journaux.

- "Souffre-douleur" -

Selon Pew, la défiance à l'égard de Pékin est largement partagée par l'ensemble de la population jusque chez les jeunes, une première.

Les sujets d'inquiétude ont toutefois changé. En 2012, c'était les pertes d'emplois et le déficit commercial. Aujourd'hui, une majorité d'Américains considèrent que l'impact de la Chine sur l'environnement, les violations des droits humains et les attaques informatiques sont des problèmes "très sérieux" pour les Etats-Unis.

"La Chine est vue comme une menace sur de nombreux aspects", estime Laura Miller.

L'enquête, réalisée sur un échantillon de 1.000 personnes du 3 au 29 mars, n'a pas détecté de changements dans les réponses alors que l'épidémie se propageait sur le territoire américain.

Mais selon Laura Miller, cela pourrait changer si le discours politique reste le même. "Pendant la période électorale américaine, on a l'habitude de se trouver un souffre-douleur à l'étranger. Si la Chine le devient, on pourrait voir augmenter les opinions négatives", dit-elle.

Mais la confrontation ne bénéficie pas seulement à Donald Trump. Son homologue chinois Xi Jinping a profité de la pandémie pour promouvoir un modèle autoritaire face aux régimes démocratiques jugés inefficaces pour lutter contre le virus.

"Cette crise est en quelque sorte du sur-mesure pour les opportunistes politiques et les va-t-en guerre des deux camps", estime Michael Swaine, de la fondation Carnegie Endowment for International Peace.

Joe Biden et Donald Trump ont pris Pékin pour cible mais les futures relations pourraient dépendre de l'identité du locataire de la Maison Blanche après le 3 novembre, selon M. Swaine.

Les conseillers du président Biden pourraient privilégier le pragmatisme et chercher des sujets de rapprochements, alors qu'un second mandat de M. Trump renforcerait les partisans d'une politique agressive face à la Chine, explique-t-il.

Les disputes fréquentes entre les deux puissances n'ont toutefois pas généré de forts sentiments anti-chinois et jusqu'à récemment, le public américain n'adhérait pas à l'opération de diabolisation lancée par les républicains et l'administration Trump, selon le chercheur.

"On dirait que ça commence à changer, même si nous n'avons aucune idée de l'intensité, du degré et de la profondeur de ce changement", admet Michael Swaine.

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