"La Minusca a procédé mardi à l'arrestation de neuf éléments armés" dans la région de Ndélé (nord-est), a déclaré mercredi le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro, lors d'une conférence de presse, précisant que les forces de l'ONU avaient agi à la demande de la Cour pénale spéciale chargée de juger les violations graves des droits humains en Centrafrique.
Le 29 avril, 28 personnes, dont au moins 21 civils, avaient été tuées à Ndélé, lors de combats entre deux factions issues du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), l'un des principaux groupes armés du pays.
Si la Minusca n'a pas révélé l'identité des interpellés, un responsable humanitaire et un cadre de l'ONU ont affirmé sous couvert de l'anonymat qu'Azor Kalite, ancien haut responsable de la coalition Séléka qui avait renversé le régime du président François Bozizé en 2013, en faisait partie.
Cet influent chef de l'ethnie goula est l'un des principaux acteurs du conflit qui ravage le nord-est de la Centrafrique depuis plusieurs mois.
Selon la Minusca, les affrontements de Ndélé opposaient des membres des ethnies rounga et goula qui se disputent le contrôle du commerce et des gisements miniers de la région.
La justice centrafricaine avait rapidement ouvert une enquête pour "crimes de guerre" et "crimes contre l'humanité”, transmise à la Cour pénale spéciale début mai.
"Comme ce sont des bandes armées qui s'en sont pris aux civils, leurs leaders sont les principaux soupçonnés" avait indiqué Eric Tambo, procureur général près la cour d'appel de Bangui.
Contacté par l'AFP dimanche, Azor Kalite avait fustigé l'opération menée par la Minusca à Ndélé pour rétablir la sécurité dans la ville et menacé de soulever les populations civiles contre les casques bleus.
A quelques mois d'une élection présidentielle à haut risque, prévue pour décembre 2020, la Centrafrique est toujours en proie aux violences et aux exactions des milices malgré la signature d'un accord de paix entre le pouvoir central et 14 groupes armés le 6 février 2019.