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Pari risqué pour les humanitaires en zone anglophone camerounaise


Une habitante de Kumbo, en zone anglophone devant sa maison incendiée, le 6 décembre 2018. (VOA/Ministère de la défense)
Une habitante de Kumbo, en zone anglophone devant sa maison incendiée, le 6 décembre 2018. (VOA/Ministère de la défense)

Au Cameroun, l’ONU tire la sonnette d'alarme sur la multiplication des attaques contre les travailleurs humanitaires en zone anglophone. Les groupes armés et les forces de sécurité camerounaises sont pointés du doigt.

Cette situation s’est aggravée ces derniers mois et entrave l'acheminement de l’aide humanitaire à 1,7 millions de personnes dans ces deux régions.

L’ONU tire la sonnette d'alarme sur les attaques contre les humanitaires
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Selon la coordonnatrice humanitaire des Nations unies au Cameroun, Allegra Baiocchi, citée dans communiqué publié la semaine dernière, les travailleurs humanitaires dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont victimes "du harcèlement, de bastonnades, d’attaques, d’enlèvements et d’extorsions".

Depuis avril dernier, affirme l’ONU, des employés de six agences humanitaires ont été victimes d’enlèvement ou détenus illégalement dans ces régions. Des attaques que l’ONU attribue aux "groupes armés non étatiques".

"Les motifs derrière ces kidnappings sont financiers, des éléments armés ont également utilisé des engins explosifs improvisés dans des zones à forte population et bloqué les routes et les transports entre plusieurs villes pendant plusieurs jours", a précisé Jens Laerke, porte-parole du bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), lors d'une conférence de presse virtuelle depuis Genève.

Par conséquent, l’aide humanitaire sur le terrain a dû être diminuée, car "selon certains rapports, les forces de sécurité camerounaises ont aussi retardé les mouvements des marchandises humanitaires, toutes ces actions limitent l'accès aux personnes que nous essayons d’aider", a ajouté M. Jens Laerke.

L’armée camerounaise n’a pas encore réagi à cette dénonciation. Mais le gouvernement s’est souvent montré critique à l'endroit des humanitaires travaillant en zone anglophone, notamment pour le cas spécifique d'OCHA.

"Tous les rapports de nos activités remis à la coordonnatrice du système des Nations unies au Cameroun n’ont jamais été publiés, bien au contraire nos données sont contestées, et des chiffres erronés publiés par des ONG aux ordres font le tour du monde, il faut que cela cesse", s’est indigné Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, en mars dernier.

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Dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, les bandes armées interdisent également aux populations de sortir certains jours, "ces régions deviennent des zones grises avec des acteurs qui essayent de mettre en place une autorité de substitution et qui rackettent justement les populations dans le sens de prélever l’impôt", analyse Raoul Sumo Tayo, est chercheur en défense et sécurité.

Pour lui, "l’armée camerounaise perd progressivement le monopole de la violence légitime dans ces deux régions et des insurgés discutent à l’Etat camerounais aussi le monopole fiscal qui est un attribut de la souveraineté de l’Etat".

Des groupes séparatistes et l'armée s’affrontent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 3 ans.

Ils réclament la sécession de cette partie du Cameroun. Selon OCHA, 2,3 millions de personnes ont besoin de nourriture, d'abris, de produits non alimentaires et de protection en raison de cette crise.

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