Une vingtaine de civils ont été tués mercredi en Ituri dans le nord-est de la République démocratique du Congo, où des centaines de personnes ont été la cible de "crimes contre l'humanité" pouvant relever de la Cour pénale internationale (CPI) d'après les instances internationales.
La tuerie a eu lieu juste avant le lever du jour dans le territoire de Djugu, l'épicentre des violences au nord du chef-lieu de la province Bunia, a indiqué un responsable local à l'AFP.
"Vu l'insécurité qui règne sur la zone, nous attendons le retour de l'équipe qui est sur le terrain pour le détail du bilan exact", détaille-t-il sur le bilan provisoire d'une vingtaine de morts.
La tuerie a été attribuée à des miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), accusés de la plupart des massacres.
La Codeco prétend défendre les intérêts d'une des communautés de l'Ituri (les Lendu, agriculteurs) face notamment aux Hémas (éleveurs et commerçants).
Des milliers de personnes ont fui les violences. "Entre le 1er octobre 2019 et le 31 mai 2020, au moins 530 civils ont été tués par des groupes armés en Ituri, dont 375 depuis le pic des violences en mars", d'après les Nations unies le 5 juin.
Des "crimes contre l'humanité", avait déclaré la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet fin janvier après une visite à Bunia.
"Et la majorité des victimes proviennent de la communauté Hema", avait-elle ajouté dans un entretien à Radio France internationale (RFI).
Ces tueries "pourraient constituer des crimes relevant de la compétence de la Cour pénale internationale", a prévenu le 4 juin la procureure de la CPI Fatou Bensouda.
Un conflit entre les milices des deux communautés Lendu et Hema, instrumentalisé par l'Ouganda voisin, avait fait des dizaines de milliers de morts entre 1999 et 2003, jusqu'à l'intervention d'une force européenne Artémis sous commandement français.
Les violences ont repris pour des motifs obscurs fin 2017, sans cette fois que l'Ouganda ne semble y jouer un rôle. Les Hema n'ont pas reconstitué de milices, s'en remettant à l'autorité - parfois défaillante - de l'État.
Des anciens chefs de guerre du conflit 1999-2003 ont été envoyés il y a quelques jours en mission de paix en Ituri par le président de la République.