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Une ONG tchadienne parle de "crime de guerre" suite à la mort de 44 détenus à N’Djamena


Les parents des victimes (44 prisonniers mort en prison) réclament justice, N’Djamena, Tchad, le 22 juillet 2020. (VOA/André Kodmadjingar)
Les parents des victimes (44 prisonniers mort en prison) réclament justice, N’Djamena, Tchad, le 22 juillet 2020. (VOA/André Kodmadjingar)

Les autorités tchadiennes affirment que 44 prisonniers soupçonnés d'être membres de Boko Haram se sont tous suicidés, mais une ONG dit que ce n'est pas vrai.

La Ligue tchadienne des droits de l’Homme (LTDH) a publié le rapport « 44 civils, victimes d’exécutions sommaires et extra-judiciaires à N’Djamena ». C'est la conclusion d’une enquête sur la mort en prison, le 16 avril, de 44 présumés éléments de la secte Boko Haram. C'était dans la légion de la gendarmerie n°10 de N’Djamena, la capitale.

Le rapport de la LTDH, d’une quarantaine de pages, précise que 70 prisonniers, soupçonnés d'appartenir à Boko Haram, avaient été appréhendés le 13 avril à Baga Sola, dans la province du Lac.

Les défenseurs des droits humains dénoncent la morts des prisonniers à N'Djamena
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Le document précise que les autorités n’avaient nullement fait mention des prisonniers de guerre dans leur bilan du 8 mai, après l’opération "Colère de Bohoma".

Le 14 avril, les 70 prisonniers avaient été transférés à N’Djamena, mais selon le mouvement, le procureur de la République n’en avait déchargé que 58.

Douze d’entre eux manquaient également à l’appel. Deux jours plus tard, 44 sur les 58 ont péri en prison. Les autorités avaient évoqué un suicide collectif lié à la consommation des substances létales.

"Le rapport que nous présentons établit formellement qu’il n’en est rien. Non seulement il ne s’agissait pas d’un suicide, mais ces personnes n’étaient nullement membres de la secte Boko Haram. Le rapport conclut que c’est un assassinat de masse sans écarter la qualification de crime de guerre", a déclaré Maître Max Loalngar, président de la Ligue tchadienne des droits de l’homme.

Pour lui, ces prisonniers sont morts de soif et de maltraitance: "à la veille du drame, il a fallu attendre 16 heures pour qu’une bouteille d’eau soit jetée à travers les persiennes et à 18 heures une fumée noire appâterait dans la cellule et les uns toussaient, les autres criaient". Il informe que les survivants interrogés au moment de l’enquête confirment qu’à minuit leurs 44 amis avaient cessé de vivre.

Pour Djmet Arabi, ministre de la Justice, si le gouvernement avait "une mauvaise intention", ces présumés terroristes "allaient être exécutés sur le terrain loin des témoins". Il indique que le gouvernement attend la conclusion de l’enquête de la convention nationale des droits de l’homme pour se prononcer.

"Au niveau du gouvernement je ne pense pas qu’on puisse répondre à ces genres de mensonge. Parce que ces gens sont arrêtés sur le terrain et ont été confiés à la justice comme étant membres actifs de boko haram pour être jugés", a-t-il fait remarquer.

Les parents des victimes clament l’innocence de 44 prisonniers morts en prison et les 12 personnes portées disparues. Ils exigent que justice soit rendue ainsi que la libération des 14 rescapés déportés à Korotoro. La LTDH plaide pour qu’une enquête internationale soit diligentée sur cette affaire.

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