Les pouvoirs publics ont promis de faire recours à la force de la loi contre "certains responsables de partis politiques en perte de vitesse qui ont lancé des mots d’ordre irresponsables en posant des préalables pour la tenue de l’élection des conseillers régionaux", a déclaré Paul Atanga Nji ministre de l’administration territoriale.
Une sortie médiatique faite au cours d’une conférence de presse nocturne quelques heures seulement après la convocation des corps électoraux devant élire les conseillers régionaux.
"Tous les fauteurs de trouble quels qu’ils soient répondront de leurs actes devant le pouvoir judiciaire, aucun écart de comportement ne sera toléré de quelque parti politique que ce soit et de qui que ce soit", a-t-il fermement mis en garde les leaders de l’opposition concernés.
Le MRC et l’appel du 22 septembre
A travers les réseaux sociaux, Olivier Biboun Nissack, porte- parole de Maurice Kamto, a annoncé le lancement d’un mouvement baptisé "Cameroon revolution Paul Biya doit partir" à partir du 22 septembre. Ce mouvement s’insurge contre la tenue du scrutin du 6 décembre.
"Nous voulons nous sortir de la dictature du régime qui étouffe notre pays par la lutte pacifique, nous ne devons plus accepter d’être l’objet des moqueries des autres Africains. Si l’heure est arrivée, alors elle est arrivée", a fait savoir Maurice Kamto, président du MRC le 24 août dernier, lors d’une conférence de presse à Yaoundé.
L’opinion publique est partagée sur ce regain de tension entre le gouvernement et certains responsables de l’opposition sur les conseils régionaux.
"Normalement on devait annuler ces élections régionales", soutient Paul Tagne, un militant du Social Democratic Front (SDF), l'un des partis d’opposition qui a appelé au boycott.
Car ajoute le militant du SDF, "la constitution de 1996 prévoit que les chefs traditionnels doivent participer au choix des conseillers régionaux, mais avec la guerre dans l’extrême-nord et dans les deux régions anglophones, ces chefs, les maires et députés élus là-bas sont hors de leur bastion".
Qui ira donc voter ?
Dans une interview accordée à VOA Afrique, Pr Shanda Tomne, président national du Mouvement populaire pour le dialogue et la réconciliation, prend fermement le contrepied des initiateurs des manifestations contre un organe prévu depuis 1996 dans la Constitution.
"C’est une bande d’individus qui veulent prendre un pays en otage pour leurs ambitions personnelles. Il y a d’autres Camerounais qui pensent qu’on peut faire tenir ces élections", assure-t-il.
Depuis le 7 septembre date de la convocation des corps électoraux par décret présidentiel, le dispositif de sécurité a été renforcé à différents points stratégiques de Yaoundé, les policiers et gendarmes scrutent le moindre rassemblement. Le gouvernement a avisé que tout manifestant interpellé risque la condamnation à vie.
Le choix des conseillers régionaux se fait à un scrutin indirect. Selon la Constitution, certaines compétences jadis dévolues à l’Etat central seront transférées aux conseils régionaux.
A l’issue de cette élection, les deux régions anglophones vont exercer leur statut spécial avec un régime juridique différent des 8 autres, une chambre des représentants et des chefs traditionnels conformément aux résolutions du grand dialogue national tenu en octobre 2019.