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La pandémie a fait perdre 58,2 milliards FCFA aux ménages urbains camerounais


Les jouets pour noël exposés à même le sol au marché central à Yaoundé, le 21 décembre 2020.
Les jouets pour noël exposés à même le sol au marché central à Yaoundé, le 21 décembre 2020.

Les Camerounais qui travaillent dans le secteur informel s’apprêtent à passer une fête de Noël difficile à cause du coronavirus.

Au rez-de-chaussée d’un immeuble au quartier Tsinga à Yaoundé, des jeunes femmes s’affairent pour le début d’une mini foire d’exposition. Elles travaillaient pour une agence de voyages aujourd’hui fermée pour cause de Covid-19. Les ventes privées qu’elles organisent sont en prélude à la fête de Noël.

"Nous organisons cette mini foire pour se faire un peu d’argent, nous exposons plusieurs articles à coût réduit. Vous savez l’année a été tellement difficile, pour nous c’est une façon de contribuer à redonner du sourire aux gens en leur faisant beaucoup de cadeaux", explique Agnès Yolande Minyem Bassock, promotrice de l’évènement.

Les prix des vêtements pour enfants varient ici entre 500 francs CFA, soit moins d’un dollar américain, et 7.000 francs CFA. "c’est notre contribution à soutenir les familles impactées économiquement par le Covid-19", ajoute Agnès Yolande.

A un jet de pierre de là, Solange, la quarantaine, travaille dans un pressing.

"C’est encore dur pour le moment, il n y a pas l’argent dehors, coronavirus a tout pris", dit-elle.

Solange a un enfant en charge mais la fête de Noël s’annonce aussi difficile pour sa petite famille. "Les gens de l’Europe ne viennent plus, ce sont eux qui déposent beaucoup d’habits à laver au pressing en décembre et en plus il y a pas beaucoup de célébrations de mariages, sans oublier que nous accusons des arriérés de salaire", confie-t-elle à VOA Afrique.

Ménages à faibles revenus

Selon une enquête de l’Institut national de la statistique, 65 % des ménages vivant de l’économie informelle ont dès avril 2020 connu une baisse des revenus suite aux premières mesures de couvre-feu ou de distanciation sociale.

Paul est un agent de sécurité dans une banque à Yaoundé. Ses dépenses pour Noël ne vont pas excéder 30.000 francs CFA. "J’ai acheté juste de la nourriture pour les enfants et pas de jouets pour le moment. Tous les domaines sont touchés par le Covid, on ne peut donc pas dire que la fête de Noël de cette année est la même qu’avant", reconnait-il.

L’enquête sur les effets socio-économiques du coronavirus conduite en avril-mai 2020 montre que les pertes des revenus financiers sont de 26,4 milliards FCFA pour les ménages ruraux et près de 58,2 milliards FCFA pour les ménages urbains.

"Est-ce que nos gouvernants ont la main sur le cœur pour pouvoir apporter à leur concitoyens un minimum d’empathie ?", s'interroge Isidore, un habitant de la capitale camerounaise.

"Aujourd’hui c’est comme si nous sommes des laissés pour compte, c’est la morosité totale, on attend le miracle", espère un employé du secteur privé qui s’apprête à fêter Noël 2020 dans la morosité. "Je ne peux pas offrir les cadeaux aux enfants quand les 3/5ème de ma famille vivent le jour au jour, il y a des dépenses qui sont prioritaires", conclut-il.

Au Cameroun, le secteur informel emploie près de 90 % de la population active, dont 92% des jeunes âgés de 15-34 ans.

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