Cette expulsion a suscité des tensions dans cette petite bourgade célèbre pour son oasis où une foule en colère constituée d'hommes, de femmes et d'enfants --4.000, selon les manifestants-- ont marché pendant deux heures en scandant des slogans comme "nos terres sont marocaines, pas algériennes". Tous les commerces ont fermé pour une opération "ville morte".
Une trentaine de familles ont été concernées par ces expulsions.
Les autorités algériennes avaient accordé aux "paysans marocains exploitant ces terres algériennes un délai convenu pour évacuer les lieux" et tous les accès frontaliers ont été fermés mercredi à minuit comme annoncé, selon une dépêche de l'agence officielle algérienne APS diffusée dans la nuit de mercredi à jeudi.
Côté marocain, les autorités régionales ont organisé cette semaine une réunion avec la population concernée pour "examiner les solutions possibles pour atténuer les répercussions" de cette décision "temporaire et conjoncturelle, selon un communiqué officiel diffusé par le site marocain Media24.
Les manifestants comptaient se rendre jeudi jusqu'à la frontière près de la zone agricole disputée d'Arjal (dite Ouahat Laaroda en Algérie) mais ont été arrêtés sur la route par un imposant barrage policier.
"Gouvernement marocain zéro", ont scandé les manifestants massés autour d'un triporteur tirant une boite noire en forme de cercueil.
De nombreux jeunes défilaient aux côtés des agriculteurs pour dénoncer le manque de travail dans cette région enclavée située dans une zone de désert et de montagnes.
"Ca fait trente ans que l'Algérie et le Maroc nous laissaient cultiver sans problème et maintenant on ne sait pas à qui s'adresser", a déclaré à l'AFP Abdelmalik Boubekri, un cultivateur de 71 ans, très en colère d'avoir dû abandonner la parcelle de dattiers qui faisait vivre toute sa famille.
La frontière entre l'Algérie et le Maroc est fermée depuis 1994, les rapports entre les deux pays sont plombés depuis quarante ans par la question du Sahara occidental, avec un regain récent de tensions suscité par les efforts déployés par Rabat pour légitimer ses positions dans l'ancienne colonie espagnole.