Bien que les autorités aient appelé la population à "continuer à vaquer à ses occupations" et assuré contrôler la situation, les habitants d'Owerri craignent de sortir de chez eux.
"Les équipements de la police et de l'armée ont été entièrement détruits et vous me demandez s'il y a de l'appréhension" à propos de ce qu'il va se passer ensuite?, demande George Onyemuwa, un habitant.
"Les gens ont peur des représailles, donc moi je prends mon temps" avant de sortir de chez moi, explique-t-il, "nous ne savons pas qui est responsable de cette attaque, mais les autorités doivent agir".
"Il y a beaucoup d'appréhension et pas seulement à Owerri, mais dans toutes les villes autour", raconte à l'AFP le journaliste local Damian Duruiheoma.
"Beaucoup ont peur que les détenus aillent se venger sur ceux qui les ont conduits en prison et les autres ont peur des représailles" des forces de sécurité contre la ville, poursuit-il.
Dans la nuit de dimanche à lundi, plus de 1.800 détenus se sont échappés de la prison d'Owerri, dans l'Etat d'Imo, au cours d'une attaque perpétrée par "des hommes armés" qui ont fait exploser la porte d'entrée et fait sortir les détenus.
La police nigériane a accusé directement le groupe indépendantiste biafrais IPOB (The Indigenous People of Biafra) d'être à l'origine de cette attaque mais celui-ci s'en est défendu par la voix de son porte-parole, qualifiant ces accusations de "mensongères" et "fallacieuses".
Les tensions restent fortes entre les groupes sécessionistes biafrais - qui réclament un Etat indépendant dans le Sud-Est du Nigeria - et le pouvoir central nigérian, 50 ans après la terrible guerre civile du Biafra (1967-1970) qui a fait près d'un million de morts, en majorité issus de l'ethnie igbo.
L'IPOB affiche toujours des velléités séparatistes et a récemment publié des vidéos très impressionnantes d'une nouvelle milice, baptisée "Réseau sécuritaire de l'Est" (ESN), dans lesquelles on peut voir des dizaines, voire des centaines de combattants à l'entraînement.
Fin janvier, des violences avaient éclaté à Owerri entre l'armée et des communautés locales, faisant au moins un mort.
Le système judiciaire nigérian est particulièrement corrompu et lent, et plus de 70% des détenus n'ont jamais eu de procès. Des dizaines de milliers d'entre eux croupissent, oubliés, derrière les barreaux des prisons à travers le pays.