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Nouveau gouvernement en RDC: une si longue attente...


Jean-Michel Sama Lukonde le nouveau Premier ministre de la RDC (à g.) avec le président Felix Tshsiekedi au palais présidentiel, Kinshasa, RDC, 18 mars 2021.
Jean-Michel Sama Lukonde le nouveau Premier ministre de la RDC (à g.) avec le président Felix Tshsiekedi au palais présidentiel, Kinshasa, RDC, 18 mars 2021.

Mais qu'attend-il donc? Alors qu'il contrôle désormais tous les leviers du pouvoir, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, tarde inexplicablement à nommer un nouveau gouvernement, suscitant l'impatience des Congolais, sur fond d'une inquiétante baisse des recettes budgétaires de l’État.

Ayant mis fin début décembre à l'alliance avec le camp de son prédécesseur Joseph Kabila, le président Tshisekedi a réussi à placer ses partisans à la tête de toutes les institutions politiques du pays.

Le chef de l’État a nommé le 15 février un nouveau Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde, après avoir contraint à la démission Sylvestre Ilunga Ilunkamba, un proche de M. Kabila.

Depuis, la nomination de la nouvelle équipe gouvernementale se fait attendre. Et le pays se retrouve dans une situation inédite, avec deux Premiers ministres de facto.

En attendant la nomination de son successeur, M. Ilunga continue, à la tête de son gouvernement démissionnaire, d'expédier les affaires courantes, mais avec une marge de manœuvre quasi-nulle, le président Tshisekedi lui ayant formellement interdit par missive officielle "d'engager l’État".

Désigné par le président, le nouveau Premier ministre Lukonde n'a pas encore d'équipe gouvernementale et n'a donc pas été investi par l'Assemblée, comme le prévoit la Constitution.

Des milliards perdus

"Cette absence de gouvernement bloque et détruit le pays qui est en situation de crise, notamment sécuritaire", proteste Georges Kapiamba de l'Association pour l'accès à la justice (ACAJ).

La neutralisation de l'exécutif remonte à octobre lorsque le président Tshisekedi, en conflit avec ses anciens alliés du Front commun pour le Congo (FCC) de son prédécesseur Kabila, a décidé de suspendre les réunions du Conseil des ministres.

Ancien opposant, M. Tshisekedi a été proclamé vainqueur de la présidentielle contestée de décembre 2018. Investi en janvier 2019 lors de la première passation pacifique du pouvoir en RDC, il a dirigé le pays en coalition avec le FCC qui a gardé la majorité à l'Assemblée nationale et au Sénat.

En l'absence d'un nouveau gouvernement, le cabinet du chef de l'État assure l'ordonnancement des dépenses publiques, en recourant à l'expertise de l'Inspection générale des finances. Une situation inédite, non prévue dans la loi.

Cette pratique est "inadmissible", estime le président de l'Association africaine de défense des droits de l'Homme (Asadho), Jean-Claude Katende.

La Constitution n'autorise pas le cabinet du chef de l’État à gérer au quotidien les affaires de l’État, "ce rôle revient au gouvernement, seul responsable devant le Parlement", explique M. Katende.

La première conséquence de cette absence d'un véritable gouvernement est l'alarmante baisse des recettes budgétaires, constate l'Observatoire de la dépense publique (Odep).

Le Trésor public ne mobilisera que la moitié des recettes prévues de l'exercice 2021, soit "3,5 milliards de dollars", estime cette structure anti-corruption qui regroupe 12 organisations.

"Ça énerve!"

Et parmi les Congolais, la colère monte. "La situation est intenable. Il est urgent de faire baisser la tension qui couve dans le pays en nommant cette équipe gouvernementale", a réagi auprès de l'AFP le caricaturiste Thembo Kash qui dessine au quotidien dans les médias, les travers de la classe politique congolaise.

"Tshisekedi ne veut pas d'un gouvernement parce qu'il compte gérer ce pays avec ses amis d'exil à Bruxelles sans respecter le cadre légal. Il veut un pouvoir absolu, sans contrôle sérieux", dénonce Camille Kuku, un partisan du candidat malheureux à la présidentielle de décembre 2018, Martin Fayulu.

"Cette forme de gestion instaurée pendant cette période énerve (...)", se désole Louison Mokoko, un enseignant dans la province de l’Équateur (nord-ouest), résumant à bien des égards l'humeur des Congolais.

Autre signe de l'exaspération qui monte, des internautes ont appelé sur les réseaux sociaux à envahir la piste de l'aéroport international de Kinshasa afin d'empêcher le président Tshisekedi de s'envoler hors du pays, avant d'avoir préalablement signé l'ordonnance de nomination de l'équipe gouvernementale.

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