"Moi en 2011, je n'avais pas de fusil", a affirmé M. Ouérémi à la barre.
Cet ancien chef de guerre est accusé "d'assassinats massifs, viols, traitements inhumains et dégradants" commis dans la ville de Duékoué, théâtre des pires massacres. Jugé depuis le 24 mars, il encourt la prison à perpétuité.
817 personnes ont été exécutées en une journée à Duekoué, selon la Croix-Rouge, 300 selon l'ONU, des chiffres rendus publics lors de l'audience.
La première partie du procès s'est achevée par les témoignages glaçants de rescapés des massacres.
Yvette Diao a raconté avoir perdu trois frères et une soeur, exécutés par les miliciens. Son frère Diao Nessemon David "a vu son sexe et ses oreilles arrachés et emportés par ses bourreaux", a-t-elle raconté.
Franck Glazai, bras droit amputé, a témoigné que les soldats de Amadé Ouérémi ont tiré sur une centaine de personnes qui s'étaient réfugiés dans une église, après avoir séparé les femmes des hommes.
L'ouest de la Côte d'Ivoire a été l'un des points chauds de la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, et qui avait fait 3.000 morts.
Selon l'ONU et plusieurs organisations internationales, la prise de Duékoué en mars 2011 par les combattants pro-Ouattara s'est accompagnée de massacres à grande échelle.
Sur fond de problèmes fonciers, la crise politique avait débouché sur des violences communautaires entre Guérés, l'ethnie locale majoritairement pro-Gbagbo, habitants "allogènes", notamment Dioulas venus du nord majoritairement pro-Ouattara, et des immigrés burkinabè.
Le procès se poursuivra mercredi prochain par les réquisitions du procureur et les plaidoiries de la défense.