"La démission du gouvernement, que j'ai acceptée, permettra d'adresser le problème criant de l'insécurité et poursuivre les discussions en vue de dégager le consensus nécessaire à la stabilité politique et institutionnelle de notre pays", a tweeté M. Moïse.
Le nouveau Premier ministre nommé est Claude Joseph, a indiqué le président haïtien, sans confirmer clairement qu'il s'agissait de son actuel ministre des Affaires étrangères.
Haïti, pays des Caraïbes et nation la plus pauvre du continent américain, est gangréné par l'insécurité et notamment les enlèvements contre rançon menés par des gangs jouissant d'une quasi impunité.
Evasions et enlèvements
Dernier exemple emblématique en date de la dérive du pays, l'enlèvement dimanche de dix personnes, dont sept religieux - cinq Haïtiens et deux Français - près de Port-au-Prince. L'Eglise catholique haïtienne a dénoncé lundi l'inaction des autorités après ces faits. Les sept religieux sont toujours entre les mains de leurs ravisseurs.
Autre illustration du danger d'anarchie généralisée planant sur le petit pays, l'évasion en février de plus de 400 détenus d'une prison en banlieue de la capitale, une opération au cours de laquelle ont été tuées 25 personnes, dont le directeur de l'établissement.
Claude Joseph remplace le Premier ministre Joseph Jouthe, qui est aussi le président du Conseil supérieur de la Police nationale et qui s'est révélé incapable, en un peu plus d'un an à la tête du gouvernement, de faire face à cette recrudescence de l'insécurité.
Le président Jovenel Moïse estime que son mandat prendra fin le 7 février 2022, alors que pour l'opposition et une partie de la société civile, celui-ci s'est achevé le 7 février 2021.
Ce désaccord tient au fait que M. Moïse avait été élu à l'issue d'un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard.
Privé de Parlement, Haïti s'est encore davantage enfoncé dans la crise en 2020 et le président gouverne par décrets, alimentant une défiance croissante à son encontre.
Dans ce contexte instable, M. Moïse a décidé d'organiser en juin un référendum constitutionnel, dénoncé comme une mascarade par l'opposition.
Fin mars le Conseil de sécurité de l'ONU a réclamé à Haïti, dans une déclaration approuvée à l'unanimité, que ses préparatifs électoraux "soient faits en vue d'une élection présidentielle libre, équitable, transparente et crédible en 2021".
Rédigée par les Etats-Unis, la déclaration souligne aussi "la nécessité urgente de tenir des élections législatives libres, équitables, transparentes et crédibles qui ont été retardées depuis octobre 2019".