Pour les années à venir, l’organisation de l’examen du baccalauréat sera à la charge du ministère de l’Education nationale. Ce n’est qu’une simple "réforme administrative", selon le ministre de l’Education nationale. Mais l’annonce de cette mesure a mis les élèves vent debout. Depuis des semaines ils manifestent dans la capitale et dans plusieurs autres villes du pays.
Lundi dernier, au lycée Philipe Zinda Kaboré, le plus grand lycée du pays, les choses sont allées loin. Les élèves ont saccagé le bureau du proviseur, détruit son véhicule et mis le secrétariat de l’établissement sens dessus-dessous.
"Vraiment nous n’avons jamais vu un tel niveau de violence s’exercer dans nos établissements. Ces établissements devraient être des lieux assez paisibles, de bien vivre ensemble. Je déplore cette situation", a dit Alexis Kyelem, le proviseur dont le bureau a été saccagé.
Dans les rues de Ouagadougou où élèves et policiers jouent au chat et à la souris, depuis des semaines, les Burkinabè se disent préoccupés.
"L’heure n’est pas de savoir qui a raison, qui a tort. Cette réforme que le ministre vise à mettre en application concerne en réalité directement les élèves. Il est tout à fait normal que les élèves cherchent à comprendre les tenants et les aboutissants de cette mesure", affirme Mamadou Dao, un citoyen.
"Il faut que les élèves évitent de faire des choses qui vont à l’encontre de la loi. Brûler les feux tricolores, brûler sur la voie, ce sont des actes qui vont jouer sur notre économie. C’est de l’incivisme", déplore Robert Yaméogo, un autre Burkinabè.
Le président Roch Kaboré appelle à la retenue et déplore ce qu’il appelle des manipulateurs.
"Dans une situation comme ça il faut savoir raison garder. Il n’est pas normal que pour une réforme qui sera engagée en 2022 nous soyons aujourd’hui en train d’arriver à des extrémismes de ce genre. Nous avons tous été des élèves. Dans ces genres d’opérations, il y a toujours des manipulateurs. Nous le savons", a déclaré le président Kaboré.
Les analystes pensent que seul le dialogue permettra de mettre fin à la crise.
"Au regard de l’ampleur du problème, il va falloir s’asseoir sur une même table pour discuter", explique Paz Hien, analyste politique. "Nous espérons que le ministre en charge de l’éducation puisse échanger directement avec les élèves et les acteurs clés, les syndicats et les parents d’élèves pour trouver une voie de sortie de cette crise qui va crescendo", ajoute-t-il.
Plusieurs établissements scolaires de Ouagadougou ont dû suspendre leurs programmes. D’autres devaient entamer les examens de fin d’année qui restent bloqués. Le ministère de l’Education nationale annonce des assises nationales sur l’éducation dans les prochains mois.