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Tigré: les États-Unis imposent des sanctions au chef de l'armée érythréenne


Selon les habitants, une ambulance a été endommagée et démontée par des soldats érythréens dans une clinique médicale à Abi Adi, dans la région du Tigré, au nord de l'Éthiopie, mardi 11 mai 2021.
Selon les habitants, une ambulance a été endommagée et démontée par des soldats érythréens dans une clinique médicale à Abi Adi, dans la région du Tigré, au nord de l'Éthiopie, mardi 11 mai 2021.

Le Trésor américain a imposé lundi des sanctions au chef de l'armée érythréenne en raison de violations présumées des droits de l'homme dans le conflit qui sévit dans la région éthiopienne voisine du Tigré, a-t-on appris lundi de source officielle.

Selon un communiqué du département américain du Trésor dont VOA Afrique a reçu une copie, le général Filipos Woldeyohannes, chef d'état-major des forces de défense érythréennes (EDF), est accusé d'être à la tête "d'une entité qui est engagée dans de graves violations des droits de l'homme commises dans le conflit en cours au Tigré".

"Les EDF sont responsables de massacres, de pillages et d'agressions sexuelles. Les troupes de l'EDF ont violé, torturé et exécuté des civils ; elles ont également détruit des biens et saccagé des entreprises", accuse le communiqué.

Parmi les atrocités décrites dans le communiqué au ton ferme, les forces érythréennes sont accusées d'avoir éventré à la baïonnette des femmes enceintes et de "les avoir laissées mourir".

Escalade progressive

Le conflit au Tigré a commencé en 2020, après que le gouvernement régional a défié un ordre fédéral de reporter les élections, en invoquant la pandémie de coronavirus. Depuis lors, il s'est transformé en une guerre majeure entre les combattants fidèles aux dirigeants régionaux du Tigré et l'armée nationale éthiopienne.

À un moment donné, l'Éthiopie a demandé l'aide de l'Érythrée voisine. L'implication des forces érythréennes a donné lieu à de nombreux rapports de violations des droits de l'homme, de viols comme arme de guerre et d'autres atrocités.

"Les États-Unis sont préoccupés par le fait qu'un grand nombre de membres de l'EDF sont rentrés en Éthiopie, après s'être retirés en juin", a déclaré pour sa part Antony Blinken, secrétaire d'État américain.

"Allégations sans fondement"

La réponse du gouvernement érythréen ne s'est pas fait attendre.

Dénonçant ce qu'il considère comme des "accusations inacceptables", des "allégations sans fondement" et du "chantage", le ministère érythréen des affaires étrangères a, dans un communiqué au ton ferme, vertement réprimandé les États-Unis.

La déclaration invite le gouvernement américain à porter l'affaire devant un arbitre impartial.

L'Érythrée conclut sa déclaration appelant le Conseil de sécurité des Nations unies à "dissuader et de demander réparation pour les actes répétés de violations flagrantes du droit international et de la souveraineté des peuples et des nations par les États-Unis d'Amérique".

Confiscation de biens et interdiction de séjour

Les sanctions annoncées lundi sont appliquées en vertu d'une loi fédérale connue sous le nom de Global Magnitsky Human Rights Accountability Act, qui avait été promulguée par l'ancien président Barack Obama en 2012.

Elle tire son nom de Sergei Magnitsky, un expert-comptable et lanceur d’alerte mort en 2009 dans des conditions douteuses en Russie.

Son objectif est de punir les personnes accusées de violations flagrantes des droits de l'homme et les dirigeants corrompus. En pratique, la loi permet de saisir les actifs (comptes bancaires, maisons, autres biens de valeur) appartenant aux personnes visées.

Elle empêche également les entreprises et les personnes américaines de faire des affaires avec elles. L'entrée sur le territoire des États-Unis et de ses territoires leur est également refusée.

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