Le Niger va accueillir de "nouvelles implantations", notamment du groupement de forces spéciales européennes Takuba, à la suite du retrait des forces françaises et européennes du Mali, a déclaré son président Mohamed Bazoum dans une interview au quotidien français Le Figaro.
Dans cette interview parue vendredi, au lendemain de l'annonce par la France et ses partenaires au sein de Takuba de leur "retrait coordonné", M. Bazoum estime que "leur départ va créer un vide qui sera rempli par les organisations terroristes déjà très présentes dans cette région" frontalière entre les deux pays.
Il a critique aussi vivement les autorités maliennes issues de deux putschs, en août 2020 et en mai 2021, dont la France et les pays européens participant à Takuba ont cité les "multiples obstructions" comme principal motif de leur retrait.
"Il y aura de nouvelles implantations au Niger. Notre objectif est que notre frontière avec le Mali soit sécurisée. Nous prévoyons qu'après le départ de Barkhane et de Takuba, cette zone soit encore plus infestée et que les groupes terroristes se renforcent", a indiqué le président nigérien.
"Les nouvelles bases ne seront donc pas loin de Ménaka et de Gao", dans le nord-est du Mali, a-t-il précisé. "Elles accueilleront surtout Takuba, car cela a de grands avantages pour nous. Ce sont des forces spéciales avec des capacités répondant à la menace posée par les organisations terroristes", a-t-il souligné.
"Takuba est aussi une force intégrée à l'armée malienne et bientôt à l'armée du Niger. Nous aurons un accord avec les gouvernements européens qui pourraient intervenir. Le concept de Barkhane est un peu différent", a-t-il poursuivi.
Sous les colonels maliens, "la situation s'est considérablement dégradée. Depuis le coup d'Etat, tous les postes militaires à la frontière du Niger ont été désertés sous la pression terroriste. Il n'y a plus d'armée malienne à la frontière du Niger, une zone littéralement occupée par les terroristes", a également affirmé le président nigérien.
Il a accusé les militaires au pouvoir, visés par des sanctions de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), de chercher "des alibis pour exercer le pouvoir et en jouir, quitte à ce que la situation du Mali se dégrade dans tous les domaines".