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Des déplacés de Béni racontent leur vécu, entre craintes et espoir…


Dans un camp de déplacés en Ituri, dans l'est de la RDC, le 25 mars 2018. (VOA/Charly Kasereka)
Dans un camp de déplacés en Ituri, dans l'est de la RDC, le 25 mars 2018. (VOA/Charly Kasereka)

Les déplacés de Beni espèrent que la sécurité reviendra dans leur région du Nord-Kivu, dans l'est de la RDC, où les rebelles ADF tuent quotidiennement de paisibles citoyens. Des économistes de la région sont convaincus que sans financement extérieur, les ADF ne peuvent pas résister.

Germaine Mboyo, une déplacée à l'intérieur du pays, a fui la région de Beni en janvier dernier. Traumatisée, cette agricultrice de Mayangose dit avoir vécu des cauchemards à Beni à cause des exactions des Forces Démocratiques Alliées (ADF). A Goma où elle vit désormais, elle reste sans assistance. Mme Mboyo est cependant optimiste quant à la fin des atrocités dans sa région.

"A Beni, j'étais femme au foyer et agricultrice, si je suis à Goma aujourd'hui, c'est parce que nous avons vu de nos propres yeux les atrocités des ADF, qui ont tué mes voisins, mes collègues agriculteurs qui ont été retrouvés morts par mon petit frère. C'est avec cette peur que je me suis dit que je devais venir ici à Goma mais je compte revenir dès que la sécurité sera rétablie dans la région.", raconte-t-elle au micro de VOA Afrique.

Jonas Sabuni, journaliste indépendant, a quitté la région de Beni pour se réfugier à Goma, une ville volcanique qui a été secouée il y a quelques mois. Sa famille et beaucoup de ses connaissances restent coincées dans les zones les plus dangereuses de Beni. Chaque matin, avant même de commencer son travail, il appelle ses proches à Beni pour savoir si sa famille est encore en vie.

"Nos yeux et nos orteils sont fixés à Beni. Je viens d'appeler les membres de ma famille, Dieu merci, car personne n'a été tué aujourd'hui. Chaque jour, des gens sont tués à Beni" , confie-t-il dépité.

Des analystes économiques de la RDC sont convaincus que sans financement les ADF auront du mal à évoluer. Le professeur d'économie Deo Bengehya rappelle que le seul moyen de faire tomber une entreprise ou une organisation est de couper ses moyens de financement.

"Quand les États-Unis prennent cette mesure, c'est déjà une bonne chose. Parce que les ADF ont souvent besoin d'argent pour acheter le matériel qu'ils utilisent pour perpétrer leurs crimes, si une partie de leur financement peut être coupée, c'est probablement une bonne chose et nous devrions encourager cette mesure. Aucune organisation ne peut survivre sans financement", souligne le Professeur Deo Bengehya.

Les membres du groupe ADF sont accusés de nombreux massacres dans l'est du Congo, notamment dans la région de Beni au Nord-Kivu où ils sont basés depuis les années 1990 et en Ituri. Ils sont également accusés d'être responsables de récentes attaques djihadistes sur le sol ougandais.

Le département américain du trésor a récemment indiqué que les États-Unis surveillent les mouvements financiers de l'organisation État islamique (EI) en République démocratique du Congo afin de les "perturber efficacement". Une décision saluée par la population.

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