Cette mise en cause "est complètement scandaleuse, elle est aussi politique, personne ne s'en cache", a réagi auprès de l'AFP Me Arfi, avocate de Grâce Bongo, fille du défunt chef de l'Etat âgée de de 58 ans, mise en examen avec trois autres de ses frères et soeurs. "On ira jusqu'à la Cour européenne des droits de l'Homme", a assuré l'avocate.
La justice française soupçonne plusieurs membres de la famille Bongo d'avoir "sciemment" bénéficié d'un important patrimoine immobilier "frauduleusement" acquis par le patriarche pour une valeur récemment estimée "à au moins 85 millions d'euros".
"Vingt-cinq ans après une vente, on vient chercher la propriétaire en disant que les faits qui ont servi à financer cet appartement n'auraient pas une origine licite", s'est offusquée l'avocate de cette fille d'Omar Bongo, mise en examen le 25 mars.
"L’Etat français a collecté toutes les taxes et impôts qu'il convenait de collecter. Ces ventes ont été légales et régulières", a-t-elle plaidé. "C'est une atteinte très, très grave portée au droit de propriété et au principe de sécurité juridique, qui ont valeur constitutionnelle", a-t-elle encore dit.
"La justice française se fait gardienne des intérêts du contribuable gabonais, mais parallèlement le parquet refuse au Gabon sa constitution de partie civile", a-t-elle aussi dénoncé, faisant référence à la récente décision du magistrat instructeur de refuser le statut de victime à l'Etat gabonais, qui conteste cette décision en appel.
Me Elise Arfi y voit un paradoxe : "La France va s'accaparer le patrimoine gabonais, et non le contribuable gabonais". Surtout, l'avocate s'est interrogée sur l'absence de procédure visant "tous les chefs d'Etat qui ont des biens français", ciblant des dirigeants du Golfe ou du Maghreb. "Pourquoi seulement le Gabon ? C'est une rétorsion", d'après elle.
En France, Rifaat al-Assad, oncle du dirigeant syrien Bachar al-Assad, a été condamné en septembre en appel à quatre ans de prison. Sa défense a annoncé un pourvoi.
Teodorin Obiang, vice-président de Guinée équatoriale, a lui été définitivement condamné en juillet à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d'euros d'amende, ferme, après le rejet de son pourvoi par la Cour de cassation.