"Les Codeco ont tué dans la mine d'or 'Camp Blanquette'. Il y a 29 corps ramenés à la cité de Pluto. Six corps calcinés ont été enterrés sur place", a déclaré à l'AFP Jean-Pierre Bikilisende, bourgmestre de la commune rurale de Mungwalu dans le territoire de Djugu (Ituri, nord-est).
"Un bébé de 4 mois et une femme" figurent parmi les morts. "Ce bilan est provisoire, puisqu'il y a d'autres civils tués dont les corps ont été jetés dans des trous d'orpaillage et plusieurs autres civils sont portés disparus. La fouille se poursuit", a indiqué M. Bikilisende. "'Le camp Blanquette' est érigé dans la forêt, loin de la position militaire la plus proche. L'intervention est donc arrivée avec un peu de retard", a-t-il déploré.
"Il y a aussi plusieurs blessés, dont neuf grièvement, admis à l'hôpital général de Mungwalu", a déclaré, pour sa part, à l'AFP Chérubin Kukundila, l'un des responsables de la société civile de Mungwalu, estimant qu'"il y a au moins 50 personnes tuées".
Lors de cette attaque, les miliciens Codeco ont pillé des boutiques, emporté la production des orpailleurs et incendié des maisons, rendant ce lieu inhabitable, a estimé M Kukundila.
La province de l'Ituri est riche en or et son sous-sol regorge également du pétrole. La mine d'or artisanale dénommée "camp Blanquette" est située dans la forêt à plus de 7 km de la cité de Mungwalu dans le territoire de Djugu (Ituri), fief du groupe armé Codeco.
Dans cette zone, les autorités ont interdit aux militaires de s'approcher des mines exploitées de manière artisanale par des autochtones et une population hétéroclite venant de plusieurs provinces de l'est de la RDC. la position militaire la plus proche est située à 8 Km de l'endroit où le massacre a eu lieu.
Attaques sans motifs
La milice Codeco est un groupe armé structuré autour d’une secte religieuse. Elle prétend défendre les membres de la communauté Lendu contre la communauté rivale Hema et contre les forces de sécurité, et est considéré comme l'un des groupes les plus meurtriers de l'est congolais.
En plus des civils et des militaires, les miliciens Codeco s'attaquent également aux déplacés et à des humanitaires, sans que les motifs de ces violences soient identifiés. La province aurifère de l'Ituri a replongé dans un cycle de violences depuis fin 2017 avec l’avènement de la milice Codeco.
Un précédent conflit entre milices communautaires avait fait des milliers de morts entre 1999 et 2003, jusqu'à l'intervention d'une force européenne, l'opération Artémis, sous commandement français. Cette fois-ci la communauté rivale Hema ne s'est pas reconstituée de milices, se remettant à l'autorité de l’Etat, pourtant défaillante.
Le dernier massacre d'envergure attribué aux miliciens Codeco a fait 62 morts dans l'attaque d'un camp des déplacés en février. L'Ituri et la province voisine du Nord-Kivu sont placés sous état de siège depuis le 6 mai 2021, une mesure qui a donné les pleins pouvoirs aux officiers de l'armée et de la police pour gérer l'administration et mener la guerre contre la centaine de groupes armés qui sévissent dans l'est congolais depuis plus d'un quart de siècle.
Après une année d'état de siège, les autorités ne sont pas parvenues à mettre un terme aux massacres des civils. Le président Félix Tshisekedi a décidé d'évaluer l'efficacité de cette mesure, sous la pression des élus de l'Ituri et du Nord-Kivu qui boycottent les plénières consacrées à ce sujet à l'Assemblée nationale.