Le président du Malawi, élu sur la promesse de lutter contre la corruption, a annoncé mardi retirer les pouvoirs à son vice-président après un rapport sur l'enquête menée autour d'un vaste scandale de corruption dans le cadre de contrats publics, impliquant déjà plusieurs hauts responsables.
"J'ai décidé de retirer toute fonction déléguée" au vice-président Saulos Chilima, a déclaré Lazarus Chakwera lors d'une allocution transmise à la télévision. Le chef d'Etat n'a pas le pouvoir de suspendre ou démettre son vice-président, élu.
Cette annonce survient après un nouveau rapport du Bureau anti-corruption (ACB), qui enquête sur l'homme d'affaires britannico-malawite Zuneth Sattar, soupçonné de corruption, fraude et blanchiment d'argent. Plusieurs ministres et anciens ministres ont déjà été arrêtés dans le cadre de cette affaire.
"Le bureau a découvert qu'un total de 53 fonctionnaires et anciens fonctionnaires auraient reçu de l'argent de M. Sattar au cours des huit mois compris entre mars et octobre 2021", a précisé M. Chakwera.
Le président malawite a également suspendu son chef de cabinet et le chef de la police du pays.
"En outre, le Bureau a découvert que 31 autres personnes du secteur privé, des médias, de la société civile et du monde juridique ont également reçu de l'argent de M. Sattar", portant le total à 84 personnes suspectées d'être impliquées, a ajouté le chef d'Etat.
La police et l'armée auraient attribué 16 contrats pour une valeur de 150 millions de dollars à cinq sociétés appartenant à M. Sattar, entre 2017 et 2021.
M. Chilima n'a pas immédiatement souhaité faire de commentaire.
En 2020, Saulos Chilima, candidat à la présidentielle, s'était allié à Lazarus Chakwera pour remporter l'élection rejouée à la suite de fraudes lors d'un premier scrutin en 2019.