Pour la première fois en France, une femme, Yaël Braun-Pivet, proche d'Emmanuel Macron, a été élue mardi à la présidence de l'Assemblée nationale au moment où le président s'efforce de rassembler une majorité parlementaire pour mettre en oeuvre son agenda de réformes.
Ephémère ministre des Outre-mer et présidente de la commission des Lois sous la précédente législature, Mme Braun-Pivet, 51 ans, a été élue au 2e tour par 242 voix, soit la majorité absolue des suffrages exprimés qui était nécessaire.
"Enfin! Pour la première fois de son histoire, l'Assemblée nationale sera présidée par une femme", s'est félicité le ministre des Relations avec le Parlement, Olivier Véran, sur Twitter.
"Débattre plutôt que de nous battre", a-t-elle lancé dans l'hémicycle sous les applaudissements. Mme Braun-Pivet devient ainsi le quatrième personnage de l'Etat français.
Contrairement à la plupart des démocraties occidentales, aucune femme n'a encore jamais occupé cette fonction en France.
Elle aura fort à faire pour assurer la sérénité des débats dans une assemblée largement renouvelée et divisée à l'issue des élections législatives des 12 et 19 juin.
Confortablement réélu en avril, le président français a subi un revers aux législatives en perdant sa majorité absolue à l'Assemblée nationale face à une opposition requinquée.
Il ne dispose plus que d'une majorité relative, ce qui le contraint à trouver des alliances pour mettre en oeuvre son programme de réformes, notamment sur les retraites.
Il a chargé la Première ministre Elisabeth Borne de sonder pour voir si un "accord de gouvernement" est possible et de composer une nouvelle équipe gouvernementale d'ici à début juillet.
Cette dernière a poursuivi mardi ses consultations en recevant à tour de rôle les chefs des groupes parlementaires de la droite, socialiste, communiste et écologiste de l'Assemblée.
Dans une lettre qu'elle leur a adressée lundi, elle a pris acte de leur refus "d'entrer dans une dynamique de construction de coalition ou d'accord global avec le groupe majoritaire" mais souhaitait cependant "approfondir (la) discussion pour mieux identifier les points essentiels de convergences et de désaccords".
Elle ne renonce pas à un accord de gouvernement, a précisé son entourage à l'AFP.
Emmanuel Macron a indiqué samedi que ces discussions se feraient dans le "cadre du projet présidentiel" et fixé une ligne rouge de n'augmenter "ni les impôts, ni la dette".
Il a dit attendre, à son retour jeudi soir du sommet de l'Otan à Madrid, des propositions "pour une feuille de route" et la composition d'un nouveau gouvernement prévu pour début juillet.
- 'D'accord sur l'essentiel' -
Depuis les législatives, la France est plongée dans l'incertitude, elle qui est peu habituée à des coalitions de gouvernement, contrairement à de nombreux autres pays européens.
D'autant que le président français a écarté la possibilité d'un accord avec le Rassemblement national (RN, extrême droite) et La France insoumise (LFI, gauche radicale), deux formations qui, selon lui, "ne s'inscrivent pas comme des partis de gouvernement" mais ont toutes deux fait une entrée massive à l'Assemblée.
Les alliés possibles, "ce sera des communistes aux LR" (Les Républicains, opposition de droite), a-t-il indiqué.
L'opposition cependant refuse tout accord général.
"On lui a redit qu'il n'était pas question de quelque coalition que ce soit, mais qu'on était là pour essayer de trouver des solutions", a déclaré le patron des Républicains à la chambre basse, Olivier Marleix, premier à être reçu mardi par Mme Borne.
La formation de la droite est particulièrement courtisée, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lui-même transfuge de LR, ayant estimé que la majorité était "d'accord sur l'essentiel avec les députés LR".
Parmi les priorités de la nouvelle législature figurent des mesures urgentes de sauvegarde du pouvoir d'achat des Français, malmené par l'inflation, comme ailleurs en Europe.
Le texte gouvernemental en préparation propose la hausse de 4% d'une série de prestations sociales.
La gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon s'apprête également à déposer "une grande loi d'urgence sociale".
Tout un symbole, c'est le doyen d'âge et député d'extrême droite, José Gonzalez, 79 ans, qui a ouvert mardi après-midi les travaux de la nouvelle Assemblée nationale.