Les ministres français des Affaires étrangères et des Armées entament vendredi une visite officielle au Niger, partenaire-clé de Paris au Sahel, à l'heure où la France dit vouloir redéfinir son offre militaire et diplomatique en Afrique.
Poussée hors du Mali par la junte au pouvoir depuis 2020, qui a fait appel aux services des paramilitaire russes de Wagner, l'armée française se sera totalement retirée du pays à la fin de l'été, après neuf ans de lutte antijihadiste.
La France poursuit néanmoins sa coopération avec le Niger voisin, où elle va maintenir plus d'un millier d'hommes et des capacités aériennes pour fournir un appui et du renseignement aux forces nigériennes dans le cadre d'un "partenariat de combat".
"Au-delà du Mali, le recul démocratique en Afrique de l'Ouest est extrêmement préoccupant, avec des putschs successifs au Mali par deux fois, en Guinée en septembre 2021, au Burkina Faso en janvier de cette année", mais "la France continuera néanmoins, en dépit de ces évènements, de ce retrait du Mali, à aider les armées ouest-africaines à lutter contre les groupes terroristes", commentait mardi la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna devant l'Assemblée nationale.
"Nous menons actuellement des consultations avec nos partenaires concernés pour définir avec eux, en fonction de leurs demandes et de leurs besoins, la nature des appuis que nous pourrons leur fournir", expliquait-elle.
Catherine Colonna et le ministre des Armées Sébastien Lecornu rencontrent vendredi matin leurs homologues nigériens, avant de rencontrer le président Mohamed Bazoum.
L'objectif de ce déplacement conjoint est d'"incarner le binôme civil-militaire", et de "montrer que notre approche repose sur ces deux pieds", souligne-t-on de source diplomatique française.
Paris et Niamey signeront à l'occasion de cette visite un prêt de 50 millions d'euros et un don de 20 millions d'euros au profit du Niger, qui figure parmi les pays prioritaires de l'aide au développement française (143 millions d'euros en 2021).
Ces dix dernières années, l'Agence française de développement (AFD) a multiplié par dix ses engagements au Niger.
Le volet défense sera également abordé.
Les deux ministres sont attendus vendredi sur la base aérienne projetée de Niamey, qui concentre les moyens militaires français au Niger.
"Repenser nos dispositifs"
Les deux ministres français se rendront aussi sur la base militaire nigérienne de Ouallam, au nord de Niamey.
C'est de là que sont pilotées les opérations conjointes d'environ 300 soldats français et des forces armées nigériennes (FAN) à proximité de la frontière avec le Mali, face aux jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique.
Les ministres français visiteront également le village de Simiri près de Ouallam, où la France finance notamment un projet de lutte contre la malnutrition infantile.
Cette visite intervient alors que le président Emmanuel Macron dit vouloir repenser la stratégie de l'ancienne puissance coloniale en Afrique.
"C'est une nécessité stratégique car nous devons avoir des dispositifs moins posés et moins exposés, et réussir à bâtir dans la durée une intimité plus forte avec les armées africaines", a-t-il ajouté.
Après son retrait du Mali, la France comptera environ 2.300 militaires français au Sahel (Niger, Tchad, Burkina Faso).
Les armées françaises sont également présentes au Sénégal, au Gabon, en Côte d'Ivoire et à Djibouti.
La marine française est quant à elle très fréquemment engagée dans le golfe de Guinée.
A l'issue de son déplacement au Niger, Sébastien Lecornu se rendra samedi en Côte d'Ivoire.