Le 5 juillet 2022, le groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), faction dissidente de Boko Haram, a attaqué la prison de Kujé, près d’Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, et fait évader près de 900 prisonniers, dont des hauts cadres du mouvement.
Ce raid audacieux est révélateur de la montée en puissance de l’insurrection jihadiste en Afrique de l’Ouest et plus généralement sur le continent africain.
Au moins 305 opérations portent la marque du groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest entre janvier et juin 2022. Soit "seulement" une trentaine de moins qu’en Irak, qui était pourtant considéré comme l’épicentre du jihadisme armé dans le monde.
C’est de moins en moins le cas aujourd’hui au regard de la dissémination progressive du phénomène en Afrique. En dehors du Sahel qu’il a déjà quasiment pris en étau, le fléau jihadiste s’étend désormais dans les zones du nord, du centre, de l’est et de l’ouest du continent.
Multitude d’attaques
Les pays côtiers sont de plus en plus ciblés. À l’instar du Bénin, dont le gouvernement a récemment fait état de "près d’une vingtaine d’attaques de groupes armés" depuis 2021. Au Togo voisin, l’armée a annoncé le 16 juillet, la mort "de nombreuses personnes" suite à l’attaque de plusieurs villages dans le nord du pays, à la frontière avec le Burkina Faso qui abrite plusieurs groupes jihadistes.
En République démocratique du Congo, depuis avril 2019, les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé originaire de l’Ouganda se réclamant du groupe État islamique, commettent régulièrement des attentats et des enlèvements.
Au Mozambique, le groupe Ansar el Sharia a occupé pendant plusieurs jours, en mars 2021, la ville portuaire de Palma, avant d’en être chassé par l’armée nationale aidée par des contingents de la Communauté économique de l’Afrique australe (SADEC) et du Rwanda. Le mouvement jihadiste a depuis installé une guérilla dans la région.
En Somalie, Al Shabab, qui semblait en déroute ces dernières années, a repris son offensive en attaquant, le 3 mai dernier, une base militaire de la force de maintien de la paix de l’Union africaine (UA).
L’urgence d’une activation de la FAA
Parmi les nombreuses pistes de solution explorées par les leaders africains pour enrayer cette dynamique figure l’option de la mise en œuvre de la Force d’attente de l’Union africaine (FAA).
Décrit comme le bras armé de l’UA au moment de la naissance de cette dernière, ce mécanisme de défense censé intégrer chacune des cinq régions d’Afrique, n’existe pour l’heure que sur le papier. En cause, plusieurs obstacles, dont ceux liés entre autres aux moyens, à la souveraineté des États et à la définition d’un cadre juridique en rapport avec la nature du jihadisme.
Du côté des sociétés civiles africaines, nombreuses sont celles qui considèrent qu’au-delà d’une réponse militaire plus coordonnée, les leviers de la bonne gouvernance ne devraient pas être occultés afin de prévenir le basculement de la jeunesse vers l’extrémisme violent.