Pulchérie Gbalet, présidente de l'organisation Alternative citoyenne ivoirienne (Aci), qui avait déjà été interpellée et retenue le 3 août à son retour du Mali, a de nouveau été arrêtée lundi à Abidjan et écrouée.
Remise en liberté après sa première interpellation, Mme Gbalet s'est alors lancée "dans une véritable campagne de dénigrement de l'action du président de la République et du gouvernement dans la gestion de la crise liée à la rétention de 49 de nos soldats au Mali", écrit le procureur, Richard Adou, dans un communiqué. Il ajoute que dans ses déclarations, Mme Gbalet affirmait que "la Côte d'Ivoire n'empruntait pas la bonne voie pour faire libérer les 49 soldats, mais choisissait plutôt la voie de la violence verbale".
Mme Gbalet s'était prononcée en faveur d'une "solution diplomatique" pour résoudre la crise, laissant entendre que ce n'était pas celle qui était privilégiée par les autorités ivoiriennes.
Pour ces déclarations, l'activiste est accusée "d'entente avec les agents d'une puissance étrangère de nature à nuire à la situation militaire et diplomatique de la Côte d'Ivoire, de manoeuvres de nature à jeter le discrédit sur les institutions et à occasionner des troubles graves à l'ordre public", selon le procureur. Elle est en outre poursuivie pour "diffusion de nouvelles fausses de nature à entraîner une atteinte au moral de la population", ajoute-t-il.
Proche de l'opposition
Lors de son séjour au Mali, Mme Gbalet avait rencontré des responsables d'ONG et des proches de la junte militaire au pouvoir depuis août 2020 dans ce pays, évoquant avec eux le sort de 49 soldats ivoiriens. Considérés comme des "mercenaires", ces soldats ont été inculpés par la justice malienne, notamment pour "tentative d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat". Abidjan assure qu'ils étaient en mission pour l'ONU et a réclamé leur libération.
Plusieurs médiations sont en cours pour l'obtenir, dont celles du Togo et de leaders religieux maliens. Les "négociations se poursuivent", a déclaré jeudi le chef d'état-major de l'armée ivoirienne, le général Lassina Doumbia.
Pulchérie Gbalet, proche de l'opposition au président Alassane Ouattara, avait été incarcérée pendant huit mois entre août 2020 et avril 2021 pour avoir manifesté et appelé à manifester contre la candidature du chef de l'Etat à un nouveau mandat à la présidentielle d'octobre 2020.
L’Observatoire ivoirien des droits de l’homme (OIDH), a dénoncé vendredi son "arrestation irrégulière", ainsi qu'une "atteinte grave à la liberté d’expression", appelant à "la mobilisation" pour exiger sa libération.