L'Association des pilotes de ligne du Kenya (Kalpa) a lancé ce mouvement de grève, malgré une décision du Tribunal des relations du travail de Nairobi du 31 octobre le déclarant illégal.
Après une audience mardi en présence de onze membres de la Kalpa convoqués pour avoir désobéi à cette décision de justice, le Tribunal des relations du travail a ordonné aux pilotes "de reprendre leurs fonctions d'ici 06H00 le 9 novembre 2022 sans condition", a déclaré la juge Anna Mwaure.
Elle a également demandé à la direction de la compagnie de laisser les pilotes "exercer leurs fonctions sans les harceler, ni les intimider et surtout en ne prenant aucune mesure disciplinaire à leur encontre, dans l'attente de l'instruction et de la décision" de l'affaire.
Cette grève a provoqué l'annulation de dizaines de vols, notamment au départ de l'aéroport international Jomo Kenyatta de Nairobi, affectant des dizaines de milliers de passagers et menaçant de plomber la situation économique de Kenya Airways, régulièrement en déficit ces dernières années.
Mardi, au quatrième jour du mouvement, Kenya Airways a annoncé que, comme la veille, "la plupart" de ses vols étaient annulés. Dimanche, 56 vols n'avaient pas décollé, perturbant les plans de quelque 12.000 passagers, selon la compagnie. Les pilotes réclament notamment le rétablissement des cotisations à un fonds de prévoyance et le paiement de salaires impayés durant la pandémie.
"Aucune concession"
Le ton s'est durci depuis dimanche. Le ministre des Transports, Kipchumba Murkomen, avait menacé les grévistes de mesures disciplinaires, les mettant en garde contre le fait de "défier une décision de justice". "Au vu de l'attitude de défi de la Kalpa, le ministère du Travail a activé les procédures régissant les grèves", avait-il annoncé dans un communiqué.
Le syndicat, Kalpa, qui compte environ 400 membres, n'a pas répondu directement à ces menaces mais déploré lundi l'attitude la direction de Kenya Airways qui ne veut pas, selon elle, "résoudre l'impasse actuelle" et n'a fait "aucune concession".
Invoquant le caractère "illégal" de la grève, les dirigeants de la compagnie ont, eux, annoncé leur "retrait immédiat" de l'accord de reconnaissance mutuelle et de la convention collective signés avec le syndicat.
Ce mouvement de grève vient exacerber les difficultés auxquelles est confrontée la compagnie nationale kényane, qui enregistre des pertes depuis des années malgré l'injection régulière de millions de dollars par l'Etat.
Kenya Airways, propriété de l'Etat kényan et du groupe Air France-KLM, est l'une des plus grandes compagnies aériennes d'Afrique, reliant plusieurs pays à l'Europe et à l'Asie. La compagnie a estimé que la grève causait des pertes de 2,5 millions de dollars par jour, venant aggraver une situation économique déjà compliquée. Elle a annoncé en août une perte semestrielle de 81,5 millions de dollars en raison des coûts élevés du carburant, en dépit de 520 millions de dollars injectés par l'Etat.
Mercredi dernier, la direction avait assuré être sur la voie d'une reprise, avec au moins 250.000 passagers chaque mois, et qu'elle ambitionnait de réduire ses coûts d'exploitation globaux de 10% d'ici fin 2023. La compagnie aérienne a été fondée en 1977 après la disparition d'East African Airways. Elle transporte plus de quatre millions de passagers vers 42 destinations chaque année.