Halima Omar se rend au centre de distribution de l'aide du Programme alimentaire mondial dans le camp de réfugiés de Dadaab. Alors que d'autres réfugiés se font enregistrer pour obtenir des dons mensuels de nourriture, Halima, comme beaucoup de réfugiés non enregistrés de retour, a été exclue des programmes d'aide.
"Ils ne sont pas reconnus par le gouvernement. Ils n'ont pas le droit, par exemple, de recevoir des parcelles ou même d'avoir accès à d’autres services de base", explique John Mwangi, CARE International à Dadaab.
Selon les agences humanitaires, le retour des réfugiés est une question récurrente. Cette fois-ci, ils ne peuvent pas se faire enregistrer de nouveau en tant que réfugiés car le Kenya a interdit l'enregistrement de nouveaux réfugiés dans le camp de Dadaab pour des raisons de sécurité.
"Ceux qui ont été rapatriés vers 2017 sont pour la plupart venus vers 2012 pendant la grande sécheresse d'il y a une dizaine d'années. Donc, ça veut dire qu'il y a toujours ces cycles de sécheresse, ils sont récurrents. Ils se produisent tous les neuf à dix ans. Généralement, ils viennent et restent pour une période de trois, quatre ans jusqu'à ce qu'ils puissent repartir quand la situation s'améliore", soutient Guy Avognon, chef du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à Dadaab.
Halima, une veuve de 47 ans et mère de sept enfants, dit qu'elle est rentrée en Somalie il y a six ans et qu'elle est revenue au camp de réfugiés pour échapper à la sécheresse et à la famine dans son pays. Malgré le changement de politique du gouvernement à l'égard des réfugiés, les organisations humanitaires ont aidé les réfugiés non-enregistrés comme Halima à obtenir une aide alimentaire. Ils reçoivent des jetons qu'ils échangent contre de la nourriture.
"En vérité, la vie est dure ici. Je dois faire des travaux manuels dans le camp, comme laver des vêtements pour les gens afin de pouvoir subvenir aux besoins de mes enfants. Aujourd'hui, je suis si heureuse, la nourriture que j'ai collectée va beaucoup m'aider", confie Halima Omar, réfugiée somalienne.
Les responsables au Kenya disent que beaucoup parmi les quelque 100 000 réfugiés somaliens qui fuient la sécheresse et reviennent ici sont des réfugiés qui ont été rapatriés auparavant. Et comme le nombre de réfugiés continue d'augmenter, les organisations caritatives disent qu’elles pourraient être débordées.
"Espérons que les difficultés qui conduisent à tous ces mouvements de population diminuent. Et espérons que cette année, les pluies seront plus abondantes, que les gens ne traverseront pas la frontière à cause du conflit de l'autre côté, afin que nous puissions nous concentrer et apporter notre soutien dans de meilleures conditions à ceux qui sont déjà ici jusqu'à ce qu'ils puissent retourner dans leur pays", avance Guy Avognon, chef du HCR à Dadaab.
Depuis que le Kenya a lancé son programme de rapatriement volontaire des réfugiés en 2017, plus de 85.000 réfugiés somaliens se sont réinstallés chez eux.
Ce plan était censé apporter une solution durable à la situation des réfugiés et contribuer à désengorger les camps. Mais avec le taux élevé de rapatriés qui reviennent, les experts disent qu’il va falloir repenser la stratégie.
Traduit et adapté de l'anglais. Lire l'original >>