Principale puissance industrielle du continent, l'Afrique du Sud a refusé de condamner l'invasion russe de l'Ukraine et a annoncé qu'elle accueillerait du 17 au 27 février des exercices maritimes conjoints avec la Russie et la Chine.
Ces exercices ne sont "pas la meilleure chose", a déclaré M. Borrell, en visite à Pretoria pour des entretiens avec son homologue sud-africaine Naledi Pandor. Tous les pays peuvent conduire leur propre politique étrangère, a-t-il ajouté, comprenant "le désir" de certains pays "d'épargner la Russie pour une raison ou pour une autre".
"Mais. la coïncidence entre le début de la guerre (il y a un an, le 24 février 2022, ndlr) et ces exercices militaires n'est pas pour nous la meilleure chose", a souligné le diplomate européen, lors d'un point de presse aux côtés de Mme Pandor.
Le "partenariat stratégique" avec Pretoria "suit une trajectoire positive malgré certaines choses irritantes", a-t-il aussi souligné. Les autorités sud-africaines ont jusqu'à présent refusé de prendre parti sur l'invasion russe de l'Ukraine.
L'Union européenne "ne demande pas à l'Afrique de choisir son camp", a précisé M. Borrell, mais demande à Pretoria d'utiliser ses bonnes relations avec Moscou pour convaincre la Russie de mettre un terme à la guerre.
De son côté la ministre sud-africaine, qui a reçu son homologue russe Sergeï Lavrov un peu plus tôt dans la semaine, a défendu les exercices conjoints, soulignant que tous les pays faisaient de même avec leurs "amis".
L'Afrique du Sud a récemment pris la présidence des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), groupe des grands pays émergents. L'Afrique est redevenue un champ de batailles d'influence, notamment depuis le début du conflit en Ukraine.
La secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen était également en Afrique du Sud cette semaine, dernière étape d'une tournée africaine. Devant des journalistes vendredi, elle a averti que tous les pays devraient se conformer aux sanctions occidentales sur la Russie ou faire face aux conséquences.
"En cas de violation de ces sanctions par des hommes d'affaires ou des gouvernements, nous répondrions de manière rapide et ferme", a-t-elle lancé. En décembre, l'Afrique du Sud avait été critiquée pour avoir autorisé un cargo russe visé par les sanctions occidentales à amarrer et décharger sa cargaison dans une base navale du Cap.
L'ambassade des Etats-Unis avait à l'époque indiqué aux médias locaux que ceux qui soutenaient le cargo risquaient d'enfreindre les sanctions contre la Russie.