Dans les bidonvilles de Nairobi densément peuplés de Kibera et Mathare, des jeunes ont dressé des barricades, enflammé des pneus et jeté des projectiles sur les policiers, vêtus de tenues anti-émeutes, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes.
De très nombreux policiers patrouillent la capitale kényane, où l'activité est moins bouillonnante et la circulation moins dense que d'habitude. À Kisumu, dans l'ouest du Kenya, fief de Raila Odinga, chef de l'opposition kényane, des petits groupes de manifestants ont allumé des feux au milieu de la route et jeté des pierres sur la police.
M. Odinga a appelé à des manifestations bi-hebdomadaires contre le gouvernement – chaque lundi et jeudi –, accusant le président William Ruto d'avoir "volé" la présidentielle d'août, d'être "illégitime" mais aussi d'être incapable de juguler la flambée des prix. Lors des deux précédentes journées, les manifestations – déclarées illégales par la police – avaient dégénéré, la police usant de canons à eau, tirant des grenades lacrymogènes, mais ouvrant aussi à l'occasion le feu à balles réelles, tandis que des pillards se déchaînaient.
Deux civils ont été tués – dans l'ouest du Kenya – et 51 policiers et 85 civils blessés lors de ces deux journées, marquées aussi par les pillages d'une entreprise appartenant à M. Odinga à Nairobi et d'une exploitation agricole propriété de Uhuru Kenyatta, prédécesseur de M. Ruto, dans les faubourgs de la capitale.
Mercredi, le ministre de l'Intérieur, Kithure Kindiki, a assuré que toute personne troublant l'ordre public ferait l'objet de poursuites "quel que soit le parti politique" auquel il se rattache, tout en dénonçant, dans un communiqué "l'anarchie et la folie criminelle".
De nombreux Kényans luttent pour se nourrir au quotidien, confrontés à la hausse des prix des denrées de première nécessité, à la dépréciation du shilling kényan et à une sécheresse inédite dans certaines parties du pays. En février, l'inflation a atteint 9,2% sur un an, les seuls prix alimentaires ayant augmenté de 13,3%.