Trente-trois civils ont été tués jeudi dans une attaque de jihadistes présumés dans l'ouest du Burkina Faso, en proie à des violences régulières apparues en 2015.
"Dans la soirée du jeudi 11 mai, aux environs de 17h00 (GMT et locales), le village de Youlou dans le département de Tcheriba, province du Mouhoun, a subi une attaque terroriste lâche et barbare", a indiqué samedi le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, Babo Pierre Bassinga, dans un communiqué.
"Les hommes armés ont pris pour cible les paisibles citoyens occupés à leurs activités de maraîchage au bord du fleuve", a ajouté M. Bassinga, précisant que le "bilan provisoire" fait "état de 33 personnes tuées".
Des sources locales ont confirmé la présence d'assaillants "lourdement armés" et "à bord de motos", qui ont "tiré" sur les maraîchers "sans distinction", précisant que les victimes ont été inhumées vendredi.
Des habitants de Tcheriba affirment également que trois personnes ont été blessées par balles.
Ils rapportent des incendies d'habitations et de greniers, avant le repli des auteurs de l'attaque.
Selon le gouverneur, "des actions de sécurisation sont en cours".
Il a invité les populations à "redoubler de vigilance et poursuivre la collaboration avec les forces combattantes pour une victoire totale contre le terrorisme et un retour définitif de la paix et la sécurité dans la région".
Série d'attaques
Cette attaque survient après l'enlèvement d'un préfet par des hommes armés, retrouvé mort lundi dans une forêt de l'ouest du pays.
Fin avril, 33 soldats ont été tués dans une attaque de jihadistes présumés dans l'est et douze ont été blessés.
Le 18 avril, ce sont au moins 24 personnes, dont 20 supplétifs civils de l'armée, qui avaient été tuées lors de deux attaques de jihadistes présumés dans le centre-est.
Le 15 avril, six soldats et 34 supplétifs civils avaient péri lors de l'assaut lancé contre leur détachement, dans le nord du pays.
L’état d’urgence, en vigueur depuis mars dans huit des treize régions du pays, a été prolongé vendredi de six mois par l'Assemblée législative de transition.
Instauré depuis 2018 dans certaines localités avant de s'étendre, l'état d'urgence et sa prolongation visent notamment à "donner plus d'opportunités et de moyens aux Forces de défense et de sécurité (FDS) (pour) poursuivre leurs actions de sécurisation du pays", selon la ministre de la Justice Bibata Nebié Ouedraogo.
Mi-avril, les autorités de la transition au Burkina Faso ont également décrété la "mobilisation générale", afin de "donner à l'Etat tous les moyens nécessaires" pour faire face aux attaques jihadistes.
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d'Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s'est étendue au-delà de leurs frontières.
Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10.000 morts - civils et militaires - selon des ONG, et plus de deux millions de déplacés.