Christopher Allen, journaliste et photographe indépendant de 26 ans, a reçu fin août 2017 une balle dans la tête lors de combats entre l'armée sud-soudanaise et des forces rebelles, qu'il accompagnait ("embedded"), dans la ville de Kaya, à l'extrême sud du pays.
Dans un communiqué publié lundi soir, le ministre des Affaires gouvernementales du Soudan du Sud, Martin Elia Lomuro, a annoncé la création d'une commission "pour enquêter sur les circonstances de la mort du journaliste Christopher Allen".
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ainsi que des organisations de défense des droits de la presse et la famille de Christopher Allen, réclamaient depuis plusieurs années l'ouverture une enquête.
Le Soudan du Sud, qui a acquis son indépendance en 2011 avec le soutien essentiel de Washington, son principal soutien financier, a sombré dans la guerre civile deux ans plus tard. Un accord de paix a été signé en 2018, et le pays se remet péniblement de ces violences qui ont fait en cinq ans plus de 380.000 morts et des millions de déplacés, plongeant le pays dans une profonde crise humanitaire.
Après la mort de Christopher Allen, le gouvernement en place à Juba, la capitale sud-soudanaise, avait démenti les accusations selon lesquelles le journaliste avait été délibérément pris pour cible par l'armée.
"Christopher Allen n'a pas été visé", avait alors déclaré le ministre de l'Information Michael Makuei, tout en affirmant que "toute personne qui se trouve dans le camp opposé est généralement une cible". "Rien n'indiquait qu'il était un journaliste", avait-t-il poursuivi, tout en affirmant que si M. Allen couvrait "les activités des rebelles, alors, il était clairement un rebelle" et que le journaliste était entré dans le pays illégalement.
En août, à l'occasion du sixième anniversaire de la mort de Christopher Allen, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont publié une déclaration appelant le Soudan du Sud à mener une enquête crédible.
L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a également appelé en août les Etats-Unis à mener leur propre enquête devant "l'échec de Juba à désigner une quelconque responsabilité". "Les informations disponibles révèlent que le ciblage délibéré du journaliste et le traitement réservé à son corps après son décès, dont des clichés l’exhibant comme un trophée, relèvent de crimes de guerre", selon RSF.
Le Soudan du Sud est classé au 118e rang sur 180 par RSF dans son classement sur la liberté de la presse, affirmant qu'au moins neuf journalistes ont été tués depuis 2014.
Forum