La dirigeante du Fonds monétaire international (FMI) espère voir les discussions se concentrer sur "notre capacité à prêter à taux zéro et à grande échelle. Beaucoup de pays sont sous un fardeau de dette et cela peut les écraser. Nous espérons que ces réunions permettront de reconstruire la confiance entre les pays, nous avons besoin les uns des autres".
Un sujet d'autant plus essentiel alors que ces réunions annuelles sont organisées sur le continent africain, une première depuis plus de 50 ans, et que plusieurs pays de la région sont confrontés à une crise de la dette, ainsi qu'aux conséquences du réchauffement climatique et une pauvreté qui se réduit moins vite qu'ailleurs.
"La dernière fois que nous étions sur ce continent était en 1973, à Nairobi et quand vous lisez le compte-rendu des réunions de l'époque, on se rend compte qu'ils étaient remarquablement similaires au genre de problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui", a souligné Mme Georgieva.
Mais cette édition marocaine a semblé maudite: initialement prévue en 2021, elle avait été reportée à deux reprises à cause de la pandémie de Covid-19, qui a fortement perturbé les déplacements internationaux et à laquelle le royaume chérifien avait répondu avec un strict contrôle de ses frontières.
Puis, un tremblement de terre meurtrier a frappé la région, tout juste un mois avant l'arrivée des nombreux participants, faisant environ 3.000 victimes et d'importants dégâts. Le gouvernement marocain a cependant confirmé la tenue de l'événement.
Les premières mesures annoncées devraient surtout être symboliques, avec la création d'un troisième siège accordé aux pays africains aux conseils d'administration de chacune des deux institutions.
Côté FMI, Mme Georgieva s'est montrée optimiste sur la réalisation prochaine de cette avancée, qui donnerait plus de voix au continent. Pour la BM, le département américain du Trésor s'est prononcé en faveur d'une telle évolution, la rendant de fait quasi acquise.
Pas d'argent magique
Mais le point central concernera les financements. Car tant pour leurs missions -éradication de la pauvreté et aide aux pays en difficulté-, que pour le thème sur lequel elles sont attendues, le financement climatique, il s'agit avant tout d'une question d'argent.
Or les principaux pays ne sont pas favorables à une augmentation du capital qui les obligerait à remettre la main à la poche ou renforcerait le poids des grands pays émergents, Chine et Inde en tête.
Dès lors, difficile d'obtenir plus. Côté BM, la principale avancée en la matière devrait être la confirmation de 50 milliards de dollars supplémentaires sur les dix prochaines années, grâce à diverses opérations comptables.
Son président, Ajay Banga, espère aller plus loin et porter le total à 100 ou 125 milliards de dollars, grâce à des contributions des économies avancées sans pour autant modifier la structure capitalistique de l'institution, plusieurs ayant déjà annoncé être prêts à le faire.
Mais il est peu probable que le sujet soit finalisé à Marrakech.
En la matière, l'avancée pourrait venir d'une modification des quotas des pays, qui leur ouvrent l'accès aux financements, et qui sont au prorata de la participation au capital des institutions.
Les grands pays sont ouverts à l'idée de modifier la clé de répartition, en faveur des pays les moins avancés ou en développement, un dossier qui pourrait avancer durant la semaine.
Les annonces pourraient cependant laisser sur leur faim les pays qui cherchent à éviter de faire défaut ou à financer des projets de transition énergétique, mais aussi les ONG, qui accusent les deux institutions de pousser à l'austérité, renforçant l'écart entre pays riches et pauvres.
Plus encore, peu d'avancées notables sont à attendre concernant le financement climatique alors que de nombreuses voix s'élèvent pour critiquer le manque d'aide en la matière de la part des deux institutions, qui se défendent en soulignant ce qu'elles font déjà en la matière mais aussi insistant sur le fait qu'elles ne peuvent pas y parvenir seules.
Les ONG prévoient plusieurs événements à Marrakech durant la semaine afin de dénoncer ce qu'elles estiment être un manque de volonté de la part des deux institutions.
Un premier petit rassemblement, d'à peine plus d'une dizaine de personnes, a accueilli les participants des réunions, devant l'entrée du centre de conférences de Marrakech, pour demander la "fin du financement des énergies fossiles".
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