"Le gouvernement saura le fin mot de cette histoire et punira qui doit l'être", a assuré à la télévision locale le vice-président Kashim Shettima, lors d'une visite à l'hôpital de Kaduna où sont soignés les blessés de l'attaque, qui a fait au moins 85 morts et 66 blessés selon les chiffres officiels.
"Les victimes seront prises en charge", a-t-il également promis.
Le déplacement du vice-président, quatre jours après le tir erroné de l'armée, intervient alors que l'affaire mobilise la société civile nigériane mais aussi la communauté internationale qui réclament des investigations poussées et des sanctions.
Dimanche soir, un tir de drone de l’armée nigériane a visé le village de Tudun Biri, dans l’Etat de Kaduna dont les habitants célébraient la fête musulmane du Mawlid.
L’ONG Amnesty International a avancé de son côté un bilan de plus de 120 morts. Elle n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP sur ce comptage.
"Les autorités nigérianes doivent enquêter rapidement, de manière indépendante, impartiale et transparente", a réclamé l’ONG jeudi dans un communiqué, ajoutant que "les responsables doivent être traduits en justice".
Lundi, l'armée a déclaré que son drone était utilisé dans le cadre d'une mission de routine et qu'il avait "touché par inadvertance des membres de la communauté" avant de préciser plus tard que les villageois avaient été confondus avec un groupe armé présent dans la région.
Le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a ordonné l'ouverture d'une enquête dès mardi, mais les Nations unies ont demandé mercredi "instamment" à Abuja que cette enquête soit "approfondie et impartiale" et que le gouvernement "demande des comptes aux responsables", et octroie des réparations aux victimes et à leurs familles.
Depuis son entrée en fonction en mai, M. Tinubu a martelé que la lutte contre l'insécurité était l'une de ses principales préoccupations, dans un contexte où il cherche à attirer davantage d'investissements étrangers dans le pays le plus peuplé d'Afrique.
Pressions
L’organisation nigériane musulmane Fityanul Islam of Nigeria (FIN) a, elle, estimé jeudi dans un communiqué que "les arguments de l’armée avançant 'une erreur sur l’identité des personnes visées' sont extrêmement inappropriés, injustes et insensibles".
Le secrétaire d'Etat nigérian à la Défense, Bello Matawalle, ainsi que les chefs d’état-major de la Défense, le général Christopher Gwabin Musa, et de l’armée, le lieutenant-général Taoreed Abiodun Lagbaja, se sont rendus à Kaduna mardi et mercredi pour présenter des excuses aux survivants de l’attaque.
Ce qui n’a pas empêché des manifestants de protester mercredi à Zaria, près du lieu de l’attaque, ainsi que devant l’Assemblée nationale à Abuja, la capitale, pour réclamer des sanctions contre l’armée.
Sur une chaîne de télévision nigériane, le général Christopher Gwabin Musa a déclaré mercredi que "les erreurs arrivent", avant d’appeler à une augmentation du budget de l’armée.
Les milices terrorisent depuis longtemps certaines régions du Nord-ouest du Nigeria, opérant à partir de campements situés au cœur des forêts.
En septembre 2021, au moins 20 pêcheurs avaient été tués et plusieurs blessés lors d'une attaque sur le lac Tchad, dans le Nord-est du pays, lorsque l'armée les avait confondus avec des combattants.
En janvier 2017, au moins 112 personnes avaient été tuées lorsqu'un avion de chasse avait frappé accidentellement un camp abritant 40.000 personnes déplacées par les violences jihadistes près de la frontière avec le Cameroun.
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